L’histoire d’amour au Sénégal entre un champion de cyclisme et une prostituée. Un film creux à force d’être trop préoccupé par sa plastique.
Le nouveau film de Koen Mortier, réalisateur du sulfureux Ex Drummer (2007), est à l’image du personnage principal : une brute au cœur tendre. C’est une star du cyclisme qui, trempée dans une affaire de dopage, décide de s’exiler quelques jours au Sénégal. Un soir, il rencontre Fatou, une jeune prostituée. C’est le coup de foudre.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Cette rencontre fait éclore un ton singulier, comme si le lyrisme amoureux de Ronsard prenait corps dans des personnages échappés d’un film de Jacques Audiard. Si la collision est intrigante, toute l’artillerie visuelle déployée par Mortier pour filmer cette idylle s’effondre dans le piège de l’enluminure.
On suffoque – et on rit parfois – assommé par l’empilage d’effets relevant du pompiérisme et l’inanité des dialogues qui réduisent son couple de comédiens à n’être que deux mannequins de cire, immobiles et vides, enfermés sagement dans un bel écrin. Dévoré par le désir de faire de “belles images” tout en néon bleu et rouge, Un ange y sacrifie non seulement toute émotion mais aussi l’identité et l’authenticité de son paysage. Pourquoi donc investir un territoire exotique si c’est pour que celui-ci ne soit qu’au service de la fabrication d’une esthétique occidentale ? Un Club Med aurait suffi.
Un ange de Koen Mortier (Bel., Née., Sén., 2018, 1 h 45)
{"type":"Banniere-Basse"}