Plutôt en forme, Macca conclut sa trilogie entamée il y a cinquante ans avec un disque enregistré pendant le confinement printanier dans sa ferme du Sussex.
On ne pensait pas écrire cela un jour, mais Paul McCartney fait son âge. On ne parle pas du talent, intact, mais de cette voix qui semblait ne jamais devoir vieillir et qui porte pourtant aujourd’hui le poids de ses 78 ans. C’est particulièrement vrai sur les premiers titres de ce McCartney III (Find My Way, Pretty Boys, Women and Wives) où elle paraît plus usée qu’elle ne l’était sur Egypt Station en 2018.
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Sans doute le fait que Macca assume lui-même le rôle de producteur y est aussi pour quelque chose : McCartney III, comme McCartney (1970) et McCartney II (1980), est de bout en bout l’œuvre d’un seul artiste. Ici, pas d’enluminures signées Mark Ronson, Paul Epworth ou Giles Martin qui avaient officié sur le rafraîchissant New en 2013 ; c’est un McCartney mis à nu qui se laisse entendre sur ce disque enregistré pendant le confinement du printemps dans sa ferme du Sussex.
Une belle leçon de silly love songs
L’exercice est périlleux, mais rien n’effraie Sir Paul McCartney qui, n’était cette voix d’un quasi-octogénaire, passerait aisément pour un jeune homme tant le temps ne semble pas avoir de prise sur son inspiration.
Seul maître à bord, prêt à dispenser sa leçon de docteur ès silly love songs, il s’octroie une belle cure de jouvence que symbolise une seconde partie d’album sur laquelle il se permet toutes les audaces, avec des morceaux étranges, certes inégaux, mais gorgés d’une soul futuriste (Deep Deep Feeling, Deep Down) et d’une charge psychédélique avec l’explosif Slidin’, dont le pont nous emporte au cœur d’une nébuleuse stoner insensée.
Ailleurs, McCartney fait du pur McCartney, optimiste invétéré (Seize the Day, Find My Way) ou amoureux transi (The Kiss of Venus). Le voyage achevé, et comme s’il fallait acter que cette œuvre de soliste avait eu sur lui l’effet d’un élixir de jeunesse, il nous offre l’inédit When Winter Comes, titre guitare/voix rescapé d’une session d’enregistrement de 1992.
Que cette chanson n’ait eu plus tôt les honneurs d’un album est un mystère : miracle de simplicité, petit bijou bucolique, peut-être attendait-elle simplement de trouver sa juste place dans la foisonnante discographie de son auteur pour briller de mille feux. C’est désormais chose faite.
McCartney III Capitol Records/Universal
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