Le maire de Nice a donné le nom de son mentor, Jacques Médecin, à une rue de la ville. Alors que celui-ci avait fini sa vie en Uruguay, après avoir été condamné à de la prison.
L’hommage rendu à Jacques Médecin, l’ancien maire de Nice, par Christian Estrosi, fait grincer des dents. En pleine campagne pour les municipales, l’actuel maire les Républicains de la ville a en effet décidé de donner le nom de son mentor à une rue de la ville. Or Jacques Médecin, figure de l’histoire de Nice, est mort en 1998 en Uruguay après avoir été condamné à de la prison pour malversations – il a d’ailleurs passé deux ans derrière les barreaux en France.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
“Rue de la honte”
Alors que la plaque dédiée à Jacques Médecin, maire jusqu’en 1990 (et sa fuite en Uruguay, donc), doit être inaugurée le 24 novembre, l’opposition de gauche est vent debout. Les communistes niçois appellent à une contre-inauguration contre cette “rue de la honte”. Le collectif « Tous Citoyens ! » a lancé une pétition en ligne pour “arrêter de glorifier le clientélisme et la corruption à Nice”. Xavier Garcia, premier secrétaire départemental PS, a également fait savoir qu’il ne se rendra par à l’inauguration. “Je ne vais ni assister ni manifester, mais je ne trouve pas opportun d’honorer la mémoire de quelqu’un qui a laissé la ville exsangue, alors que Jean Moulin, qui a couvert ses activités de résistance à Nice, n’a toujours pas de rue à lui”, déclare-t-il dans le Huffington Post.
Il y a deux ans j’avais demandé au maire de Nice de donner le nom de Jean Moulin à la partie de la rue de France où il tenait la galerie Romanin, la couverture de ses activités de résistance. Depuis rien, si ce n’est une allée Charles Pasqua et une rue Jacques Médecin. pic.twitter.com/Evl1HbFFAb
— Xavier Garcia (@xaviergarcia_06) November 20, 2019
“Oui, je suis fier”
Mais Christian Estrosi maintient qu’il est fier de défendre l’héritage de celui avec qui il a commencé sa carrière politique dans les années 1980 : “Oui, je suis fier de donner enfin à Jacques Médecin la place qui lui revient dans la ville”, a-t-il déclaré dans Nice Matin.
Pour lui, ceux qui refusent cet hommage font preuve de “sectarisme”, alors qu’il affirme avoir fait, lui, preuve d’ouverture : “Mon esprit d’ouverture m’a conduit à donner le nom de nombreuses personnalités qui ont combattu Jacques Médecin à des espaces de la ville de Nice”, déclare-t-il, citant François Mitterrand et Max Gallo.
Comme le rappelle le Huffington Post, Jacques Médecin, maire de Nice de 1966 à 1990, a été condamné dans plusieurs affaires pour “ingérence, abus de confiance, corruption passive et recel d’abus de biens sociaux et déchu de ses droits civiques”. De plus, il a déjà un espace à son nom depuis 2004. La préfecture avait tenté de l’interdire, jugeant qu’un hommage public était incompatible avec ces condamnations. En vain.
{"type":"Banniere-Basse"}