L’Américain convoque les fantômes de New Order et autres réminiscences eighties. Une réussite.
En 2018, on avait quitté Mark Lanegan sur l’introspectif With Animals, fruit d’une collaboration avec Duke Garwood, le voici déjà – étonnament – de retour avec Somebody’s Knocking. Enregistré en onze jours à Los Angeles aux côtés de Martin Jenkins et Rob Marshall, c’est l’album d’un homme né huit ans après Ian Curtis, de l’autre côté de l’Atlantique. Mais qui se souvient à quel point Joy Division, groupe qu’il a déjà repris sur scène, a pu le marquer. Atmosphere, atmosphere...
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Une maison hantée par le côté obscur
Un titre comme Letter Never Sent interpelle new wave, psychédélique sombre et rythmiques taillées pour le dance-floor – sans trop de paillettes, tout de même. Plus loin, Dark Disco Jag ou Stitch It Up font monter la température. Cold wave, post-punk, synthpop… Ici et là, on pense même à Depeche Mode ! Mark Lanegan a avant tout voulu se faire plaisir, comme il nous l’explique brièvement par mail : “J’essaie de faire un disque que j’aimerais écouter moi-même et qui puisse aussi me surprendre. Sinon, à quoi ça sert ?” Certes, le côté obscur de la force se manifeste sur un Paper Hat ou un War Horse.
Avec fausse modestie, il a beau minimiser la portée de ses chansons (“J’essaye juste de faire correspondre les mots et les mélodies qui paraissent appropriés… Je mets un pied devant l’autre”), les soubresauts actuels d’une Amérique oppressante influent sur son écriture. Le cœur du disque, Penthouse High, lui, aurait pu être un tube de New Order. S’il n’y avait pas sa voix de vieux matou errant et blessé, il pourrait presque faire oublier les affinités bluesy de Lanegan.
Comme s’il décidait de non pas faire parler ses démons, ni les chasser d’ailleurs, mais de les apprivoiser afin de danser avec eux. “Don’t you come inside this house, chante-t-il, There’s ghosts inside this house.” Les fantômes qui hantent Mark Lanegan ne sont pas près de le quitter, et semblent toujours inquiétants. Qu’importe, on confirme le titre de l’album en frappant sans hésiter à la porte de cette maison hantée de tous ceux que l’on a tant aimés.
Somebody’s Knocking Heavenly Recordings/PIAS
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