Un grand numéro de Signoret en veuve ex-résistante devenue patronne de presse acharnée. Un Chéreau hyperréaliste, un peu court sur la vérité intime des personnages.
Riche semaine pour ceux qui écrivent une thèse sur le journalisme au cinéma : outre l’historique La Dame du vendredi d’Howard Hawks diffusé jeudi, voilà ce soir Judith Therpauve. Contrairement à Hawks, l’ambiance ici n’est pas à la rigolade. C’est Chéreau qui réalise : on fronce donc sévèrement les sourcils. Le film commence d’ailleurs sur un long plan glacial dans l’immense maison vide où vient de se suicider Judith Therpauve. Flash-back : cette veuve sexagénaire et ex-résistante accepte, à ses risques
et périls, la direction d’un quotidien régional en difficultés financières. Changement de registre. On bascule dans l’hyperréalisme de la presse : rotatives en surchauffe, rédaction survoltée, syndicalisme, arrivisme…
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Chéreau avait été accusé de théâtralité avec son premier film, La Chair de l’orchidée. Il tente ici un registre beaucoup plus réaliste, presque à l’américaine, avec attention au moindre détail. On saura donc tout des soubresauts du titre, de la chute des ventes sous la barre fatidique des 250000 exemplaires, en deçà de laquelle les annonceurs publicitaires retirent au journal leurs campagnes, jusqu’au coup de grâce assené par le concurrent : la création d’un hebdomadaire gratuit, entièrement financé par la publicité. Chéreau s’avère plus à l’aise avec l’esquisse des luttes d’influence et des méthodes expéditives des grands groupes financiers qu’avec la vérité intime des personnages, souvent caricaturaux (les clichés sur la Résistance, par exemple). Le film étant conçu pour elle, Signoret maîtrise sans faute un grand numéro.
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