A travers les photos inédites de Robert Capa et Gerda Taro, Isabelle Mayault signe un premier roman qui suit une mystérieuse valise.
L’histoire est vraie : en 2007, une valise contenant 4 500 négatifs de photos prises durant la guerre d’Espagne par Robert Capa, Gerda Taro et David Seymour a soudain fait son apparition au Mexique, chez les héritiers d’un diplomate en poste à Paris sous le régime de Vichy. Isabelle Mayault a choisi d’en faire la trame de son premier roman. Elle-même grand reporter, l’auteure a vécu à Montréal, Beyrouth, Ouagadougou ou encore Istanbul.
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Les débuts du photoreportage
Cette vie de voyages est probablement une des sources d’un roman qui raconte, depuis le Mexique, une histoire faite de multiples départs et exils. Un narrateur hérite de la mystérieuse valise et s’interroge sur le parcours du précieux trésor, passé de mains en mains parmi d’autres secrets de famille. Mayault évite tous les écueils du genre, de la reconstitution en costume au récit soigneusement documenté, édifiant et didactique. Elle sait nous plonger dans la violence de la guerre d’Espagne ou l’ambiance trouble de l’Occupation en quelques traits de plume. Elle contourne la chronologie et construit son texte autour des différents personnages qui ont un jour tenu cette valise.
Dans son questionnement labyrinthique, le narrateur passe sans cesse de l’Europe au Mexique au gré d’événements emblématiques, historiques ou familiaux. Dans sa reconstitution des débuts du photoreportage, l’auteure questionne l’engagement des protagonistes, ceux qui ont voulu témoigner et ceux qui ont veillé sur des documents auxquels ils tenaient, quelles que soient leurs raisons.
Représentation du monde et objectivité des images
Les femmes, surtout, peuplent et éclairent le livre. Photographes, anonymes ou artistes, elles sont les piliers de ce beau roman, sans qu’on parvienne toujours à comprendre leurs choix, et les plus exceptionnelles ne sont pas forcément celles que l’on croit. Choisissant de donner à un narrateur extérieur le soin de reconstituer leurs vies après coup, Isabelle Mayault ménage judicieusement des non-dits et vole au-dessus des époques.
Mon premier roman « Une longue nuit Mexicaine » publié aux éditions @Gallimard sera disponible le 7 février prochain. https://t.co/VvjhbrsBJr pic.twitter.com/tqq0wFEsxV
— Isabelle Mayault (@isamayault) 24 janvier 2019
Mais au-delà de l’engagement politique et féministe d’un tel texte, c’est une réflexion autour de la représentation qu’il propose, à travers les images de guerre que laissent derrière eux les jeunes photoreporters de 1936. Elles ouvrent une nouvelle ère de la connaissance du monde, et des questions sans fin autour de la notion d’objectivité.
Une longue nuit mexicaine (Gallimard), 272 pages, 21 €
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