Les emportements ampoulés mais savoureux de Pascal Bouaziz. Ça fait tellement de bien de chanter le mal.
« Encore un album pour que dalle/Encore un album pour rien.” De Mendelson à Bruit Noir, on connaît la propension de Pascal Bouaziz à broyer du noir, avec son humeur irascible qui transpire dans ses mots, ses rimes acérées, interprétées sur des musiques composées par Jean-Michel Pires, batteur génial et incomparable (Bed, Mendelson, NLF3, The Married Monk). Quitte à verser parfois dans l’autoflagellation paradoxale.
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« Bruit Noir convainc autant qu’il irrite »
Déjà sur le premier album, Pascal Bouaziz ouvrait par un Requiem à sa gloire, crachant sa bile à la face de l’auditeur. Sur le deuxième, avec Le Succès, premier des huit morceaux – entrecoupés d’interludes enregistrés sur la ligne 9 du métro parisien, où il pose en costume de panda pour la pochette –, il ressasse invariablement son courroux, avec une mémoire sélective et un ton volontiers provocateur : “Philippe Manœuvre a assassiné le rock français/Les Inrocks ont cloué le cercueil”.
Fasciné par Ian Curtis et interloqué par le leader de Taxi Girl, Pascal Bouaziz est souvent le miroir de ses propres textes : “Daniel Darc pris dans la fascination mortifère de sa propre lose catastrophique.” Soufflant le chaud et le froid, Bruit Noir convainc autant qu’il irrite, et avec sa prose logorrhéique – qui évoque donc Paris, l’Europe, Romy Schneider, les animaux sauvages ou encore l’année 1967 –, se fait l’avocat du diable. “Loin de moi l’idée de vouloir passer pour un vieux con/Bien que je sois déjà assez vieux maintenant pour ne plus avoir peur de le paraître.” Dont acte.
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