Retour de l’une des écritures les plus incisives de la chanson française.
Le garçon (venu à la ritournelle populaire par la bande de la formule choc, grâce à des collaborations à La Minute blonde ou Un gars, une fille) chante, mais pas que. Inventoriant de multiples facettes nostalgiques de la culture populaire dans Schnock, “la revue des vieux de 27 à 87 ans”, ou anthologiste des bourdes de la chanson ou des méchants au cinéma, Christophe Ernault fait de la radio, aussi, et laisse donc cinq années s’écouler depuis son précédent et deuxième album, salué comme riche d’une filiation distinguée (Randy Newman pour l’acidité, Dutronc pour le mélange jubilatoire de la chanson et du rock dans le grand shaker de la vie).
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Douze chansons pour conclure en fait une trilogie de sexe, d’ethnologie ricanante (les secrétaires amazones du clip de Je travaille pour un con) et de fêlure. Car Alister est fêlé, et navré plus encore par son époque. Alors, soutenu par une certaine aristocratie de la pop hexagonale (Château Marmont, Autour De Lucie), il fredonne une ode aux pommes (Granny Smith), percute les syllabes (Philoscaline) et rappelle que l’humour est la politesse du désespoir (La Fin du monde). Surtout, le compositeur retrouve ici l’écriture en captation de l’air du temps de Jacques Lanzmann, ou la puissance évocatrice et narquoise d’un Pierre Vassiliu (Les Filles entre elles et son piano solitaire). Tendre, féroce et humaniste : un honnête homme vous parle.
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