Entre le prolifique Zach Condon de Beirut, le subversif Hubert Lenoir, les déglingués Villejuif Underground, l’apaisée Lou Doillon et les insaisissables Girlpool, voici ce qu’il ne fallait pas louper cette semaine !
Beirut – Gallipoli (4AD)
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Moins figé que ses prédécesseurs, Gallipoli est une étonnante cure de jouvence qui évite la redite. A la base du disque, les retrouvailles entre le garçon et son amour de jeunesse, un synthé Farfisa resté tout ce temps dans sa chambre d’enfant, chez ses parents à Santa Fe, et sur lequel sont nées les chansons de Gulag Orkestaret et The Flying Club Cup, ses premiers disques.
Grâce à ce vieil allié, Zach Condon s’offre un détour par son passé. Le voici revenu au temps d’avant la célébrité, quand il composait compulsivement tout et n’importe quoi, au rythme d’une chanson par jour. Et pourtant, ce nouveau disque de Beirut est sans doute celui qui ressemble le moins à un disque de Beirut. De When I Die, premier morceau du disque, à We Never Lived Here, grandiose conclusion, Beirut retrouve le goût du voyage, cette fois-ci plus mental qu’initiatique. La visite au programme mène aux confins de la psyché troublée de son créateur. Elle sera funeste mais en grande pompe.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Cyril Camus ici.
Gallipoli est à écouter sur Apple Music.
Hubert Lenoir – Darlène (Simone Records)
Enfin disponible en France, Darlène est l’incroyable premier album solo du fantasque québécois Hubert Lenoir. Ce projet, à la rencontre de l’opéra post-moderne, du punk-rock, de la pop francophone et de la musique lounge, est une adaptation du roman du même nom signé de sa copine et manageuse Noémie D. Leclerc.
>> A lire : Nos espoirs 2019 : Hubert Lenoir, punk et subversif
Ce qui est clair, c’est qu’il est difficile de trouver les mots justes pour décrire l’œuvre de Lenoir tant elle s’apparente à un énorme bordel aussi bien organisé qu’harmonieux, parsemé de transcendance et d’électricité pour pimenter le tout. Le Québécois s’y embrase, s’y met vocalement en scène d’un milliard de manières différentes, et s’entoure d’une multitude de sons et d’instruments dont l’agencement est si travaillé qu’il est impossible de passer à côté de la maturité de son travail. Et pourtant, c’est un disque tout en candeur et volupté.
Salomé Grouard
Darlène est à écouter sur Apple Music.
Villejuif Underground – When Will the Flies In Deauville Drop? (Born Bad records)
Avec la sortie d’un premier album très prometteur en 2016, suivi de près par une signature chez Born Bad, Le Villejuif Underground avait vite été désigné comme le groupe qui allait sauver le rock.
C’est finalement en 2019 que le groupe marque son retour avec un nouvel album. En une semaine, neuf nouveaux titres ont été enregistrés, génial mélange entre couplets quasi parlés et refrains percutants, le tout lâché nonchalamment par la voix de l’Australien Nathan Roche. Ajoutez à cela des synthés planants (I Like Pernety), une guitare psychée (Haunted Chateau), des lignes de basse ultra efficaces et une simple boîte à rythmes et vous obtenez When Will the Flies in Deauville Drop?, l’un des albums les plus cool de ce début d’année.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Zoé Pinet ici.
When Will the Flies In Deauville Drop? est à écouter sur Apple Music.
Lou Doillon – Soliloquy (Barclay)
Lou Doillon est apaisée. « Fini le tranchage de veine » nous confiait-elle encore récemment. C’est radieuse qu’elle revient sur la scène musicale avec un album bien plus rock que ses deux prédécesseurs. Soliloquy ressemble à un voyage à travers plusieurs styles musicaux, sans jamais s’arrêter. Sur Last Time, elle s’échappe vers un univers insaisissable rythmé d’un synthé saccadé, sur It’s You, elle s’harmonise avec Cat Power pour un morceau d’une grande douceur, et sur Burn, elle nous envoûte de sa voix si particulière. Et c’est sans compter l’hypnotisante Soliloquy ou la légère Snowed in.
>> A lire : Le grand entretien avec Lou Doillon: “Fini le tranchage de veines”
Salomé Grouard
Soliloquy est à écouter sur Apple Music.
Girlpool – What Chaos Is Imaginary (Girlpool Music/Anti)
Fusionnelles dès leur rencontre (à peine quelques mois avant la parution de leur premier ep en 2014), Cleo et Harmony ont pour la première fois dû composer à distance. Jusqu’à présent, il était difficile de savoir qui composait quoi tant mélodies et choeurs s’entremêlaient avec candeur.
Sur la côte Est, éloignées l’une de l’autre, chacune se singularise. En transition F to M depuis plusieurs mois, Cleo a vu son chant se transformer sous l’effet de la testostérone et a composé, pour accompagner sa nouvelle voix grave et décidée, les chansons les plus instinctives du groupe, Swamp and Bayet et Hire, tube évident et meilleur morceau du duo.
Certaines des plus belles réussites du disque (What Chaos Is Imaginary, Roses, Minute in Your Mind) doivent moins au rock lo-fi de leur début qu’à la langueur atmosphérique et à la perversion sonore des bien-aimés aînés shoegaze.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Cyril Camus ici.
What Chaos Is Imaginary est à écouter sur Apple Music.
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