A l’occasion du numéro Spécial Mode, nous parlons d’inclusivité. Mais inclure signifie aussi parler de ceux que l’on ne voit pas, ceux sans qui rien ne serait possible. Laure Orset-Prelet a été notre styliste pour le shooting, elle nous parle de son collectif La Smala et de sa vision d’un monde de la mode, qu’il nous advient de faire évoluer, pour le meilleur.
Parle nous un peu de toi et de la création de la Smala
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Laure Orset-Prelet – La Smala, composée des stylistes Juliette Alleaume, Maeva Danezan et Mégal Grouchka, c’est l’idée de la famille au sens large du terme. Ce qui nous a toujours plu dans les rédactions de mode c’est justement l’esprit famille. Quand tu es free lance, tu es particulièrement vulnérable. Si tu refuses un job, on ne te rappelle jamais derrière. Dès qu’on faisait du commercial, on se retrouvait toute seule aux commandes et on trouvait ça ridicule alors que l’union fait la force. La Smala est née de ce constat.
Ce qu’on voulait aussi c’est être plus à l’origine des projets et travailler plus sur la direction artistique qu’être simplement styliste. Souvent on s’est retrouvé dans des équipes qui ne nous correspondaient pas et en arrivant en bout de chaine, on devait juste suivre un brief. Avec la Smala on propose au client d’être à l’origine du projet : on travaille la direction artistique, on forme les équipes qui nous semblent cohérente et avec lesquelles on aime travailler.
Du coup, comment est-ce que vous créez cette identité de groupe, tout en étant toutes stylistes de votre côté ?
Tout ça c’est fait très naturellement. On n’a pas tellement cherché à créer une identité de groupe, je pense qu’elle s’est développée au fil de notre travail. C’est le reflet de notre cohésion. Après, l’idée de la Smala, c’est que quand tu fais appel à nous, il y a toute l’équipe qui va avec : on vient avec toute la famille ! Dans la famille, on englobe les photographes, les maquilleurs, les coiffeurs, les set designer… Et on adore agrandir la famille !
Comment fais-tu avancer les choses ?
Il y a des marques installées depuis longtemps qui nous ont fait confiance dès le début comme La Redoute ou Levi’s. C’est par eux surtout que les choses peuvent bouger car ils ont une visibilité énorme. On a fait des GIF notamment pour Levi’s en collaboration avec l’artiste Eleonore Wismes et on a poussé La Redoute à développer le casting sauvage. C’est ce qu’on préfère : quand les marques viennent nous voir pour tenter des choses nouvelles. C’est pile ce qu’on cherche. On essaye d’innover, on tente des choses. On a la chance de travailler avec le MAD depuis sa création. On est super contente car pour nous c’est vraiment le futur de la presse. On veut vraiment pousser le digital sans pour autant délaisser le print qu’on aime passionnément.
Et donc ça, vous faites tout à quatre?
On est un peu un monstre à quatre têtes. On bosse à quatre sur tous les projets que l’on nous propose, après chacun apporte ses skills selon ce que l’on nous demande et la disponibilité de chacune. Mais tout le monde à son mot à dire et son droit de regard.
Vous n’avez pas eu peur au début que ça efface vos identités artistiques personnelles ?
C’est tout le contraire ! On se nourrit les unes les autres et au final notre image est plus aboutie. Je pense qu’on se retrouve sur l’essentiel, on a la même vision de la mode et sur ce qui nous plait… Après chacune apporte sa vision personnelle, ses interrogations, on a des débats, c’est hyper enrichissant, autant pour nous que pour le client. Et quand il faut trancher, pas de problème d’ego, c’est la Smala qui prime. Au final ça nous fait marrer les tocs fashion de chacune, on se chambre là dessus.
Pour toi du coup, la presse féminine, c’est terminé ?
D’un point de vue tout à fait personnel, je pense que les grands magasines auraient intérêt à s’ouvrir et se diversifier. Le gros problème de fond, c’est que, si ma génération était habituée à acheter des magasines, celle d’aujourd’hui est 3.0, réseaux sociaux, et ils n’ont pas ce réflexe. Il n’existe pas de Teen Vogue en France, quelqu’un qui s’adresse aux 12-25 ans, avec des corps et des physiques qui leur parlent.
Mon métier, ça va être de bosser sur des médias comme le MAD. Je pense que ce métier de styliste change, il y a un an, en montant la boite, on ne pensait pas que ça évoluerait comme ça. Aujourd’hui tout est digitalisé, c’est cette expertise différente et nouvelle, que l’on essaie d’offrir avec la Smala, grâce à nos expériences passées !
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