Nomade dans l’âme et épris d’autonomie, Ry X a élaboré ses nouveaux morceaux dans une caravane convertie en studio d’enregistrement.
Ry X a grandi sur une petite île australienne, loin de tout sauf des vagues – il se passionne autant pour le surf que pour la musique. A peine sorti de l’adolescence, il décide de partir explorer le monde, sa planche de surf sous le bras, et vadrouille en Amérique du Sud, en Indonésie, avant de s’aventurer dans plusieurs capitales européennes (Stockholm, Londres, Berlin). Il y a presque une décennie, il jette enfin l’ancre non loin de Los Angeles, à Topanga Canyon, terreau fertile où Joni Mitchell, Neil Young et Devendra Banhart ont un temps trouvé refuge.
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Un témoin du monde
Quand on le rencontre dans un hôtel londonien, Ry X a la dégaine d’un gourou sans âge qui aurait déjà vécu plusieurs vies. Pieds nus, regard serein, emmitouflé sous diverses épaisseurs de tissus blancs, il dégage un mélange de force et de sensibilité qui se reflète dans sa musique. Chanteur et compositeur singulier, il semble échapper à la page blanche – depuis quelques années, il multiplie les sorties et les tournées avec les deux groupes dont il fait partie, Howling et The Acid, ou en solitaire. “Face à tout ce qu’il se passe dans le monde en ce moment, je préfère me positionner en témoin et comprendre la situation, ne pas l’ignorer, sans non plus rester bloqué dessus, commente-t-il. On peut choisir l’apathie, la colère, ou on peut continuer de créer et essayer de changer les choses grâce à l’art, pour mettre tout le monde d’accord. Avant ce nouvel album, j’ai traversé une période de bouleversements personnels et de douleur. C’était important, crucial même, d’en sortir et de recommencer à m’exprimer.”
Ethéré et enveloppant
Le résultat, préparé durant de longs mois, s’appelle Unfurl (se déployer). Minimaliste et gracieux, éthéré et enveloppant, un brin linéaire sur la durée, ce nouvel album solo a été en grande partie conçu dans une caravane que Ry X a transformée en studio nomade. C’est dans cette tanière faite maison que cet expatrié a développé ces nouveaux morceaux qui font la part belle à la guitare acoustique, au piano, mais aussi aux beats r’n’b. Sa voix haut perchée renforce la délicatesse de l’ensemble.
Intuition avant tout
Entre folk fragile et soul moderne, Unfurl rappelle Sigur Rós, James Blake, voire Nick Drake. L’Australien reconnaît que ce cheminement prend du temps, car il met un point d’honneur à s’investir dans tous les aspects de son travail, de la pochette aux clips, en passant par le choix des salles de concert. “Je suis mon intuition, explique-t-il. Quand je compose, je sais tout de suite si la magie opère ou pas, donc je fais le tri, j’élimine, en gardant parfois un tout petit passage pour me recentrer dans cette direction. C’est un processus long, fort en émotions, comme lorsqu’on prend une grande inspiration avant de plonger. J’ai envie d’établir une connexion, d’avoir des chansons authentiques et de prendre du plaisir à les interpréter.” A l’écoute de ces morceaux intimes, le plaisir est réciproque.
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