Le duo de réalisateurs Samuel Malka et Romain Philippon lancent “Virages”, une série de vidéos qui met en lumière la richesse musicale de l’île de La Réunion. Premier épisode : un live intimiste puissant d’Ann O’aro, chez elle à Tan Rouge. Chaudement recommandé.
La Réunionnaise Ann O’aro nous avait impressionnés avec son premier album éponyme, sorti en septembre 2018. Échappée d’une enfance en enfer, et après une fuite au Québec et un passage à Paris, la jeune femme a retrouvé son île pour tenter le bonheur. Cette fois-ci, c’est nous qui la retrouvons avec joie, dans le premier épisode d’un projet vidéographique baptisé Virages. Porté par les réalisateurs Samuel Malka et Romain Philippon (qui ont notamment conçu les clips du groupe Grèn Sémé), le projet vise à témoigner de la diversité musicale de l’île, et à interroger le spectateur sur les liens entre poésie, musique et politique qui naissent et se développent en son sein. Ann O’aro se livre ici en toute intimité, lors d’un concert enregistré sur le terrain de combat de coqs de son village, à Tan Rouge. Sa présence scénique captive, sa radicalité déchire l’air. On en reste, comme souvent avec elle, sans voix.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Par mail, Samuel Malka et Romain Philippon ont répondu à quelques questions sur ce beau projet.
Comment est née l’envie de lancer ce projet ?
Virages (Samuel Malka et Romain Philippon) – Après l’expérience du clip, nous avions envie d’aborder visuellement une autre facette de la musique. La musique vivante est particulièrement importante sur notre île, entre autre avec la tradition des kabars [un type de fête célébrée à La Réunion qui inclut musique, danse, chant…, ndlr]. Cela nous a donc paru intéressant d’explorer cette nouvelle matière, avec l’esthétique développée ces dernières années à travers nos projets communs.
Quelle est sa vocation, qu’est-ce que vous souhaitiez montrer ?
Elle est multiple. La rencontre avec les artistes musicaux évidemment, mais aussi celle du territoire. Virages est pour nous un laboratoire de recherches visuelles. On essaye de faire percuter plusieurs domaines que sont le documentaire, la fiction, et le concert. Nous avons tous les deux des sensibilités différentes (Samuel venant du rap et du graphisme, Romain de la photographie et du documentaire) et c’est aussi ce qui est intéressant pour nous : faire évoluer nos codes, et envisager de nouvelles écritures.
Savez-vous combien d’épisodes il y aura ?
On doit déjà finir de sortir tous les extraits du premier épisode avec Ann O’aro, ce qui prendra quelques semaines. Pour la suite, ce ne sont pas les talents musicaux qui manquent à La Réunion, et on a déjà quelques idées pour le prochain. En revanche, on aimerait trouver d’autres partenaires pour accompagner le projet, pour être en mesure d’aller le plus loin possible dans notre démarche.
Pourquoi avoir choisi de commencer la série par Ann O’aro ?
Ann O’aro était l’artiste idéale pour débuter notre projet. Elle nous a fait entièrement confiance et nous a laissé carte blanche pour le réaliser. En plus de son talent et de la force de son premier album, nous avons pu découvrir également un bout du territoire réunionnais, le quartier de Tan Rouge où elle habite. Car c’est aussi le principe de Virages : réaliser un portrait, en pointillé, de notre territoire.
Propos recueillis par Mathieu Dejean
Ann O’aro est actuellement en tournée; le 3 février à La Maroquinerie, à Paris
{"type":"Banniere-Basse"}