L’actrice a incarné, sans les chanter, quelques-uns des plus beaux standards du compositeur.
“J’ai connu Michel Legrand un peu avant le tournage des Parapluies de Cherbourg (1964). Mais comme j’étais doublée par une chanteuse, nous travaillions assez peu ensemble. L’essentiel de son boulot se faisait en amont du tournage, lors de la composition puis de l’enregistrement. Lorsque pour moi le travail débutait, il était en partie largement achevé pour lui. Sur tous les films, Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort (1967), Peau d’âne (1970)… il passait néanmoins nous rendre visite sur le plateau. Et de la même façon, je venais assister à certains enregistrements.
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https://www.youtube.com/watch?v=Rq0yhizu0y8
Celui des Parapluies de Cherbourg est pour moi un souvenir extraordinaire. Je n’avais pas encore commencé le film et c’est comme si je l’éprouvais déjà en le voyant diriger l’orchestre, en m’imprégnant des chanteuses interprétant leur partition. J’étais sortie bouleversée de ces enregistrements, avec cette sensation paradoxale que tout était déjà là et que pourtant le film restait à tourner.
Michel connaissait tous les clubs de jazz à Manhattan
C’est en aval des tournages que j’ai eu l’occasion de mieux le connaître, lorsque nous accompagnions les films dans les festivals ou à l’étranger. J’ai de la présentation des Parapluies de Cherbourg à New York un souvenir euphorique. Il y avait encore à l’époque des clubs de jazz partout à Manhattan et il les connaissait tous. On avait fait une grande tournée, toute la nuit dans New York. Moi, j’étais fan de Miles Davis, Dizzy Gillespie, et c’était un bonheur d’être initiée par lui et de passer de boîte en boîte pour écouter des musiciens formidables.
Après nos quatre films en commun avec Jacques (Demy), j’en ai interprété quelques autres qu’il a mis en musique: Le Sauvage (1975) de Jean-Paul Rappeneau, Paroles et musique (1984) d’Elie Chouraqui … Mais cela faisait vraiment longtemps que nous ne nous étions pas croisés. J’ignorais même qu’il était malade … Je garde de lui le souvenir d’un homme très fantaisiste, très poétique aussi, et lunaire. »
Propos recueillis par Jean-Marc Lalanne
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