Fan de « Sans toi », titre-phare de « Cléo de 5 à 7 », Cléa Vincent revient sur son admiration pour Michel Legrand. Une influence ressentie dès la prime enfance.
« Ma chanson préférée de Michel Legrand, c’est Sans toi, chantée par Corinne Marchand dans Cléo de 5 à 7. Elle me bouleverse. Mais quand j’étais petite, avec ma cousine, on n’arrêtait pas d’imiter les demoiselles de Rochefort, c’était notre grand jeu. Sans que je sache que c’était lui, Michel Legrand m’a cueillie dès l’enfance !
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Plus tard, j’ai fait une école de jazz où les professeurs le citaient régulièrement. Certains avaient joué avec lui, ils étaient à la fois pétris d’admiration et terrorisés. Je suis très admirative de l’exigence de Michel Legrand, cette façon de ne pas avoir peur de déplaire. C’est un modèle de vie, de travail, de remise en question, et sans jamais avoir la grosse tête.
Un style de jeu non académique
Même sa manière de jouer est étonnante, pas du tout académique. Dans les formations classiques, on nous apprend à faire comme si on avait une balle de tennis entre les mains. Lui s’attaque au piano avec les doigts plats, je me demande comment c’est possible d’avoir une telle virtuosité !
Thelonious Monk ou Quincy Jones possèdent aussi ce jeu très particulier. D’ailleurs, il n’y a pas longtemps, j’ai vu deux documentaires, l’un portant sur Michel Legrand, l’autre sur Quincy Jones. Les similitudes sont frappantes. Ils ont eu la même trajectoire : prodiges, ils ont commencé très jeunes à diriger des orchestres, reçu l’enseignement de Nadia Boulanger, une femme de tête, ont travaillé avec Miles Davis. Ils ont été capables de faire des arrangements pour la pop ou, dans le cas de Jones, le hip-hop. Et ils étaient amis…
Dans son enfance, Michel Legrand a appris en écoutant la radio et en copiant sur le piano : tout est passé par l’oreille et non les partitions. Ce qui est beau, c’est que sa mère a compris qu’il était surdoué et l’a laissé explorer le piano. Même à la fin de sa vie, il n’avait pas une ride dans son jeu … J’espère que j’aurai cette énergie jusqu’à mes 86 ans, comme lui ! »
Propos recueillis par Sophie Rosemont
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