Portrait d’une jeune femme culturiste. Malgré un beau sujet, un premier long maladroit.
Après avoir filmé dans un court métrage la peau vieillie d’un ancien boxeur, c’est à nouveau autour du corps qu’Elsa Amiel construit son premier long. Et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit de celui, aussi beau que monstrueux, de Léa Pearl (la touchante et véritable bodybuildeuse Julia Fory). Si la fascination exercée par l’impressionnante silhouette est immédiate, le sujet que la réalisatrice semble rapidement dessiner n’est malheureusement pas dénué d’une certaine lourdeur symbolique (sous l’épaisse carapace, un cœur sensible, en gros). Il y avait pourtant là une riche matière première : le corps comme affirmation d’une identité résolument androgyne qu’un Bertrand Mandico ou Yann Gonzalez auraient probablement baladée vers des contrées oniriques.
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Malheureusement, les néons et paillettes ne suffisent pas à faire décoller Pearl, qui, pour figurer l’étrangeté de ces larges carrures, abuse de lents plans clipesques. Mais le souci ne réside pas tant dans la forme que dans le fond. En dotant son personnage, martyrisé par les hommes (les viols de son entraîneur, les regards libidineux, les retrouvailles forcées avec son ex), d’un soudain « instinct » maternel, Pearl se fourvoie et fait de son héroïne, qu’on aurait pu espérer féministe, l’archétype d’une femme captive d’une banale domination masculine.
Pearl de Elsa Amiel (Fr., Suisse, 2019, 1h20)
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