L’actrice, qui a souvent incarné des personnages de femmes indépendantes, s’est exprimée au sujet du manque de protection des actrices dans l’industrie du cinéma.
À l’occasion d’un festival de cinéma en Birmanie (le festival MEMORY !), où huit des cent vingt films dans lesquels elle a joué étaient projetés, Isabelle Huppert s’est exprimée ce samedi 16 novembre au sujet de la place des actrices dans l’industrie cinématographique, rapporte FranceInfo. Suite à l’enquête de Mediapart sur les accusations portées par l’actrice Adèle Haenel à l’encontre du réalisateur Christophe Ruggia, un espace de parole s’est ouvert dans le monde du cinéma français, jusqu’ici resté plutôt sourd aux répercussions de l’affaire Weinstein et du mouvement #MeToo.
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Le puissant témoignage d’Adèle Haenel
Le témoignage d’Adèle Haenel a déclenché un débat essentiel – et néanmoins jusqu’ici esquivé – sur la condition des femmes dans l’industrie du cinéma, débat qui a par ailleurs incité le gouvernement à prendre des mesures de lutte contre le harcèlement sexuel et les discriminations. La comédienne accuse le réalisateur Christophe Ruggia d’attouchements et de harcèlement sexuel lorsqu’elle était âgée de 12 à 15 ans. Des faits remontant notamment à l’époque de son premier film, Les Diables. Avec ce témoignage, elle souhaitait briser le silence auquel sont soumises les femmes victimes de violences sexuelles. Dans la foulée, la photographe Valentine Monnier a accusé Roman Polanski de l’avoir battue et violée en 1975 alors qu’elle était âgée de 18 ans. Au fil des ans, six adolescentes ont accusé Roman Polanski de violences sexuelles.
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Garantir une protection économique
Pour renverser ce système, Isabelle Huppert estime que l’industrie française du cinéma devrait avant tout garantir une protection économique aux actrices : « Elle peut commencer par les protéger économiquement, déjà. Ça, c’est un bon début, une bonne approche. Mais ce n’est pas que dans le cinéma, c’est dans tous les domaines. Les femmes ont toujours été discriminées » a-t-elle déclaré, soulignant l’ampleur d’un problème systémique qui ne se cantonne pas au milieu du cinéma.
« Je dirais que j’ai toujours été féministe sans le savoir »
« Pratiquement tous mes films parlent de la condition féminine, de ce que ça veut dire d’être une femme qui se bat pour survivre » a-t-elle ajouté. Isabelle Huppert avait notamment incarné une femme violée dans Elle de Paul Verhoeven, rôle pour lequel elle avait obtenu un Golden Globe en 2017.
L’actrice a expliqué avoir « toujours été attirée par des personnages de femmes qui sont au centre (…) des femmes qui se révoltent, qui se libèrent, féministes. Je dirais que j’ai toujours été féministe sans le savoir ». Forte de son expérience, acquise au cours d’une longue carrière démarrée au début des années 1970, Isabelle Huppert a encouragé les femmes birmanes à croire en elles et à faire carrière dans le cinéma si elles le souhaitaient, car « il faut déjà franchir tellement d’obstacles dans la vie qu’il ne faut pas s’en créer à soi-même ».
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Interrogée au sujet du film J’accuse de Polanski, dont plusieurs avant-premières ont été perturbées par des manifestations féministes, l’actrice a répondu brièvement : « Boycotter ? Non, je ne pense pas. C’est un problème qui est très très compliqué », sans en dire plus.
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