Un manga argentin au graphisme rétro, critique acerbe et controversée de l’époque contemporaine.
Un bolide aux vitres teintées fonce vers le lieu de vernissage d’une exposition. Devant une foule en furie, sort de la voiture un jeune homme qui a mis KO le milieu de l’art contemporain et fait hurler autant l’extrême gauche que l’extrême droite. Issu de l’immigration et devenu délinquant, le personnage de Sadbøi reflète notre époque de façon dure et peu flatteuse.
Verser du sel sur les plaies contemporaines
Né en Argentine, le dessinateur provocateur Berliac aime verser du sel sur les plaies contemporaines. Mais il sait aussi intégrer des thématiques sociétales (l’immigration, l’identité sexuelle) sans transformer son album en thèse. Au contraire, ce récit se dévore comme un polar sulfureux et speed. D’autant plus qu’il est servi par un graphisme vintage et un noir et blanc agréable à l’œil.
Disciple inattendu du gegika, le manga adulte né au Japon dans les années 1960-1970, Berliac marche de manière ostentatoire sur les traces de grands maîtres tels que Yoshiharu Tsuge, Seiichi Hayashi ou Osamu Tezuka – les allergiques à toute appropriation culturelle passeront leur chemin.
Sadbøi de Berliac (Revival), 144 p., 19 €