La plate-forme internet américaine met un orteil en France via ses séries originales. Prélude à une refonte de l’offre de streaming légal ?
Alors que l’art des séries n’est vraiment pris au sérieux au-delà des fans purs et durs que depuis une décennie, la parole critique (au sens large) a longtemps peiné à dépasser la défense fébrile d’un territoire. Un peu comme s’il fallait défendre les séries en général pour leur donner une crédibilité, à partir du moment où elles émanaient d’un auteur.
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Ainsi, il a longtemps été “interdit” de faire la fine bouche devant Six Feet under. Heureusement, les temps changent avec l’apparition de points de clivage sériephiles majeurs. Après Mad Men, qui a subi un léger retour de bâton lors de sa quatrième saison, ou The Walking Dead, qui énerve les twittos en nombre, Le Trône de fer (Games of Thrones) se place assez haut dans la liste. Cette prestigieuse et très chère production d’heroic fantasy, diffusée sur HBO depuis l’année dernière, propose une version adulte et sanguinaire d’un univers souvent associé à la féerie bizarre et légèrement puérile du Seigneur des anneaux.
En une saison, la série a su dépasser le socle d’amoureux transis qui lui était promis – le peuple geek – pour atteindre un public plus large. L’écrivain et intellectuel Tristan Garcia voit par exemple dans Le Trône de fer un chef-d’oeuvre épique. D’autres reprochent à cette mécanique huilée de multiplier les effets narratifs grossiers pour donner les gages d’une profondeur soi-disant shakespearienne. Nous faisons partie de ces “autres”, tout en nous réjouissant du retour de l’objet de notre affliction pour une saison 2. Comme le cinéma, la littérature ou les autres formes d’art avant elles, les séries ont besoin d’objets coupants qui déchaînent les passions.
Olivier Joyard
Le Trône de fer Saison 1 en DVD et BluRay (Warner). Saison 2 à partir du 1er avril sur HBO et en VOD sur Orange Cinéma Séries.
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