L’album de l’Américain Chaz Bundick choisit de ne pas choisir entre pop, house, chillwave et expérimentations ; un pied dans l’allégresse, l’autre dans l’innocence.
D’entrée de jeu, ça vous prend aux tripes. Le beat de house qui ouvre le morceau Fading, du sixième album de Toro Y Moi, Outer Peace, est non seulement imparable mais grandiose dans son précipité de sept secondes – avant que les arrangements chillwave ne l’enveloppent, que la voix bourrée d’écho de Chaz Bundick ne prenne le dessus. Le reste de l’album est trempé dans cette même substance du va-et-vient, enchaînant les allers-retours entre pop et house, chillwave et expérimentations.
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Choisir de ne pas choisir
Comme ces pépiements d’oiseaux qui, en intro de Miss Me, dessinent une forêt amazonienne de laquelle surgirait la sublime chanteuse r’n’b Abra, invitée en featuring. Egalement présents sur l’album : le trio indie-pop Wet pour la très r’n’b Monte Carlo ; le musicien d’electro downtempo Instupendo pour le slow robotisé 50-50, et presque James Murphy, cité en clin d’œil sur Laws of the Universe. Depuis 2010 et un premier album bricolé, Causers of This, l’Américain choisit de ne pas choisir, naviguant entre des univers a priori très différents, un pied dans les distorsions de chewing-gum d’Ariel Pink, l’autre dans le funk solaire de Pharrell Williams, embrassant les prises de risque typiques du bidouillage de chambre comme la rondeur du format radio. On entend beaucoup de choses, certaines si glacées, lissées, policées qu’elles en sont agaçantes, d’autres géniales, tel le gimmick taré de Freelance modelé sur un vomi de fin de phrases, calqué sur une rythmique de pas cadencée obsédante.
Outer Peace oppose l’intuition
Outer Peace serait presque l’exact opposé de son prédécesseur, Boo Boo. A la contemplation lunaire, à la mélancolie de la solitude, Outer Peace répond par l’allégresse, l’élan, l’innocence. A la recherche à outrance, Outer Peace oppose l’intuition. Face aux brumes et au piano, Outer Peace brandit hip-hop, r’n’b, internet, club, virées nocturnes et perchées. Normal, après un court exil à Portland, Chaz Bundick a enregistré Outer Peace dans la baie de San Francisco, avec ses potes. Ça fait du bien.
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