Le 8 novembre, un étudiant de 22 ans s’est immolé par le feu devant le Crous de Lyon, en laissant une lettre où il accuse les politiques de l’avoir tué. Pourtant, pour Gabriel Attal et Amélie de Montchalin (LREM), ce ne serait pas un “acte politique”…
Comment le gouvernement allait-il réagir à l’immolation par le feu d’un étudiant de 22 ans, membre du syndicat Solidaires-Etudiant.e.s, le 8 novembre, devant le bâtiment du Crous, à Lyon ? Après un silence jugé trop long par les étudiants, il a fini par répondre, le 12 novembre… en niant le caractère politique de cet acte désespéré. Et ce, alors même que l’étudiant en question a laissé une lettre dénonçant sa précarité et les présidents successifs.
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Ainsi, Gabriel Attal, Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, a déclaré : “Il n’est jamais un acte politique que de tenter de mettre fin à ses jours.” De même que la Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Amélie de Montchalin : “Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’il s’agit d’un acte politique. On comprend bien qu’il y a des revendications, il y a des difficultés. Ce que je trouve dangereux, c’est que dans notre démocratie, c’est que certains groupuscules se servent de cet événement, le récupèrent.” Le docteur en science politique et chroniqueur Clément Viktorovitch a répondu à ces éléments de langage dans Clique, le 13 novembre.
"Se suicider n'est jamais un acte politique"
Le gouvernement est sorti de son silence quant au drame de Lyon, où un étudiant s'est immolé par le feu. Et il y a un mot pour qualifier la rhétorique des ministres. L'indécence.
Ma chronique, pour @cliquetv.pic.twitter.com/P9V7gazlKQ
— Clément Viktorovitch (@clemovitch) November 13, 2019
Les faits, l’histoire et les sciences sociales
Rappelant d’abord le message très clair laissé par l’étudiant, il énumère d’autres immolations par le feu qui ont été des actes politiques, comme celles de Jan Palach, du moine bouddhiste Thích Quảng Đức, ou encore de Mohamed Bouazizi. Avant de citer l’ouvrage très connu du fondateur de la sociologie, Emile Durkheim, Le Suicide, qui montre que les suicides ne sont pas des actes individuels mais des faits sociaux : “Le taux de suicide chez les jeunes augmente depuis les années 1970, c’est-à-dire depuis l’installation du chômage de masse. Qui oserait dire que derrière cette réalité ne se posent pas justement des questions politiques ? Ces premières déclarations gouvernementales sont contredites par les faits, par l’histoire et par les sciences sociales”, conclut-il.
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