Le débat organisé autour de l’ancien président de la République a été perturbé par des manifestants, qui se sont introduits dans le bâtiment en dénonçant le fait que “la précarité tue”. Vendredi 8 novembre, Anas, un étudiant de 22 ans, s’était immolé devant le Crous de Lyon.
Les pages de son dernier livre jonchaient le sol, arrachées. Mardi 12 novembre, une conférence de François Hollande à Lille 2 a été annulée après l’intervention de près de 300 étudiants dans l’amphithéâtre G qui devait l’accueillir. Aux cris de “Hollande assassin”, les manifestants ont déployé des banderoles avec écrit, entre autres : “Vive le socialisme”, “Vive l’autogestion” ou encore “La précarité tue”.
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https://twitter.com/NFarmine/status/1194251825307885570?s=20
Comme le montrent plusieurs vidéos en ligne, ni la police, déployée place Déliot à Lille, ni la sécurité de la faculté n’a pu empêcher les étudiants en colère de pénétrer dans la salle. Autour de 15 heures, après plusieurs minutes de perturbation, l’ancien président de la République était placé dans une « zone de sécurité » et l’évènement officiellement annulé, comme le raconte La Voix du Nord.
Scène incroyable à la fac. Les étudiants ont forcé l’entrée et balancent les livres d’Hollande qui n’est pas la. Gros carnage #Lille #fac #Hollande pic.twitter.com/p2UqPa80lS
— François Launay (@francoislaunay) November 12, 2019
“La précarité tue”
Toujours selon le journal local, les réactions de certains étudiants qui comptaient assister à l’allocution de l’ex-chef de l’Etat étaient indignées. “C’est une attaque à la démocratie !”, auraient lancé plusieurs d’entre eux. Le professeur à l’origine de la conférence a réagi sur Twitter en qualifiant d’“inadmissible” cette action, qui serait l’œuvre selon lui d’“un petit collectif”. Même son de cloche sur Twitter du côté de la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal : “La violence n’a pas sa place à l’université.”
Aujourd’hui, on a tenté d’organiser un débat démocratique à la faculté de droit de l’Université de Lille, avec plus de 1000 étudiants.
Un petit collectif, se disant prôner la liberté d’expression, les a privés d’un tel débat, en saccageant un amphi et des ouvrages.#Inadmissible pic.twitter.com/VHI6PxeZW3
— JPh Derosier (@JPhDerosier) November 12, 2019
D’après son entourage cité par Le Journal du dimanche, François Hollande “regrette que cette émotion se soit transformée en violence de la part d’une centaine d’individus ne laissant aucune place au dialogue et empêchant plus de 1.200 étudiants d’échanger avec lui sur la démocratie”. Il aurait cependant dit “comprendre” l’émotion des étudiants.
Le 8 novembre dernier, Anas, un étudiant de 22 ans, s’immolait devant le bâtiment du Crous, à Lyon. Dans un message posté sur Facebook – et relayé notamment par le journaliste David Dufresne sur son blog Mediapart -, le jeune homme, actuellement entre la vie et la mort, interpellait les pouvoirs publics sur la précarité étudiante : “Cette année, faisant une troisième L2, je n’avais pas de bourse, et même quand j’en avais, 450 euros/mois, est-ce suffisant pour vivre ?” Ajoutant : “J’accuse Macron, Hollande, Sarkozy et l’UE de m’avoir tué, en créant des incertitudes sur l’avenir de tous-tes. J’accuse aussi Le Pen et les éditorialistes d’avoir créé des peurs plus que secondaires.” Rappelons que, selon l’UNEF, en 2017, près de 20% des étudiants vivaient sous le seuil de pauvreté.
Mardi 12 novembre, des rassemblements visant à dénoncer le fait que “la précarité tue” étaient ainsi prévus dans plusieurs villes en France. A la faculté de Lille 2, des étudiants bloquaient la faculté de droit dès 7h30, rapporte La Voix du Nord. A 13 heures, le Crous de la rue de Cambrai était rempli de manifestants réclamant des mesures pour soulager le budget des étudiants, comme par exemple “réquisitionner les logements vacants”.
À l'instar de notre camarade, nous vous invitons à témoigner de la précarité étudiante sur #LaPrécaritéTue. pic.twitter.com/iQ5bTASA0a
— Solidaires Étudiant-e-s Lyon (@SolEtuLyon) November 9, 2019
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