“Pierre et Gilles constituent le socle de mon imaginaire depuis mes 14, 15 ans. Ils représentent un tel monument pour moi. Ils ont complètement nourri mes paroles, mes images et mes inspirations. Dans ma jeunesse, je passais d’ailleurs pour la Pierre et Gilles de la famille (sourire). Sous des dehors pop, leur univers à la fois kitsch et profond, léger et mystique m’a toujours semblé familier.
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Quand j’ai sorti mon premier maxi (Cavalier seule, 2016) puis l’album (Petite amie, 2017), Pierre et Gilles étaient dans toutes mes références de visuels et de clips. De manière assez cash, je les ai contactés via Instagram, en leur déclarant littéralement mon amour (sourire).
Nous nous sommes donc rencontrés et ils m’ont proposé de réaliser un portrait – autant dire, un cadeau de la vie totalement inespéré. Dans la wishlist de ma vie, il y avait un enfant, un Olympia et une photo à faire avec Pierre et Gilles (sourire).
La rencontre fut à la hauteur de mes espérances : ils sont charmants, drôles, doux, gentils et inspirés. Au départ, ils avaient imaginé quelque chose de très différent du résultat final. Ils avaient d’abord pensé à une sainte Philomène, avec une corde autour du cou et une ancre de bateau.
En discutant ensemble et en évoquant des armures médiévales, j’imaginais quelque chose de plus ambigu sexuellement. Après réflexion, ils m’ont suggéré de m’habiller en Jeanne d’Arc. Je les ai suivis les yeux fermés. Car Jeanne la rebelle, ça vient aussi du désir de ne jamais cesser faire circuler les images de ces femmes qui ont fait l’histoire, ces femmes incroyablement fortes, prêtes à tout braver par instinct fou de liberté, d’affranchissement.
Le jour du shooting, j’ai découvert leur décor nocturne et cosmique, illuminé par cette pluie d’étoiles. C’est une Jeanne à la fois moderne et moyenâgeuse, portant cette ceinture en cuir et cette épée qui pesait vraiment très lourd (sourire).
Je me suis complètement prise au jeu. Comme j’avais les cheveux secs, ça donnait un effet comique digne des Visiteurs. Je ressemblais presque à Godefroy le Hardi (sourire). Le coiffeur a proposé de me mouiller les cheveux avec cette mèche sur le visage, comme si je sortais éprouvée d’une bataille.
Cette couche de peinture rajoutée sur la photo est comme du sucre glace, qui fige et fait briller le tableau. C’est mon baptême pop avec Pierre et Gilles. Ils mettent en images la musique depuis quarante ans et sont devenus les dieux de la scène pop française et internationale. Passer par l’œil de Pierre et Gilles tient de l’adoubement.”
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