Dans une série de textes courts, la New-Yorkaise A. M. Homes scrute les fardeaux qui alourdissent une vie.
Parfois ils se détestent, et n’en finissent pas de se faire souffrir. Ainsi les deux frères de la première nouvelle du recueil, réunis pour un week-end entre amis, se vouent mutuellement une haine féroce. D’autres fois ils n’ont pas su s’aimer ; ainsi cet homme devenu père ne s’est jamais vraiment remis du divorce de ses parents.
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Les textes courts de ce recueil caustique dénoncent l’hypocrisie des relations sociales. Mais l’autrice du Sens de la famille aime surtout questionner les rancœurs, ou les regrets, qui peuvent empoisonner une vie entière.
La romancière saisit ses protagonistes alors qu’ils ne savent pas toujours analyser ce qu’est devenue leur vie
Chaque situation évoquée lui permet d’explorer ce qui constitue un être humain. Homes peut faire naître en quelques phrases des personnages complexes. A travers les histoires familiales suggérées apparaissent des gouffres et notamment les morts, nombreux, qui encombrent les mémoires. La romancière saisit ses protagonistes alors qu’ils ne savent pas toujours analyser ce qu’est devenue leur vie.
Ainsi cette nouvelle dans laquelle un journaliste et une écrivaine qui s’étaient perdu·es de vue se retrouvent par hasard durant quelques jours, le temps d’un colloque sur les génocides. La frontière est fine entre le désir de rattraper ce qui n’a pas eu lieu et la volonté de ne rien changer à sa vie, et elle est ici magnifiquement observée.
Jours redoutables d’A. M. Homes (Actes Sud), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Yoann Gentric, 336 p., 22 €
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