Un documentaire politique humoristique peu inspiré et très déconnecté.
Et si Jean Lassalle devenait le Rafael Correa français ? C’est le point de départ du scénario, épais comme un cigarillo, du nouveau film de Pierre Carles. De retour d’Equateur, le réalisateur engagé se met à espérer que le député centriste se transforme, grâce à ses conseils, en révolutionnaire anticapitaliste lors de la présidentielle de 2017. De la collecte des signatures de maires aux grands débats, on suit les pérégrinations hautes en couleur de cet ancien berger convaincu d’atterrir à l’Elysée.
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A mi-chemin entre le docu politique et la grande farce, ce film désarticulé navigue aléatoirement entre le second et le quatorzième degré. Habitué aux déconstructions des rouages du système politico-médiatique, l’auteur du génial Pas vu pas pris semble malheureusement reproduire le même traitement caricatural de Lassalle que celui des mass media. En riant à ses dépens, Pierre Carles ne parvient pas à cerner cet objet politique non identifié, capable d’une grève de la faim pour empêcher la délocalisation d’une usine, comme de réhabiliter maladroitement Bachar al-Assad.
Lassalle lui-même semble se désoler des pitreries de son documentariste, lui qui a été confortablement réélu député en juin 2017. Alors que le film sort en pleine crise des “gilets jaunes”, Pierre Carles donne le sentiment d’être passé à côté de la colère qui couve derrière son sujet, celle d’une France des clochers qui subit de plein fouet la désertification rurale et ne supporte plus la condescendance d’une intelligentsia parisienne qu’Emmanuel Macron incarne aujourd’hui à son détriment.
Un berger et deux perchés à l’Elysée ? de Philippe Lespinasse et Pierre Carles, avecJean Lassalle (Fr., 2019, 1 h 41)
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