Ressortie en copies restaurées de films essentiels du protéiforme et iconoclaste Derek Jarman. Le plus grand inventeur du cinéma britannique ?
Né à Londres en 1942 et mort dans la même ville en 1994 des suites du sida, Derek Jarman, pionnier de la cause gay, est un peu le chaînon manquant entre le chaman californien Kenneth Anger, inventeur du vidéoclip, et le moraliste dionysiaque Pier Paolo Pasolini (dont Jarman jouera même le rôle dans un court métrage). C’est-à-dire à la fois un dandy pop/baroque et un provocateur social.
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Coup de projecteur sur son œuvre dérangeante, protéiforme, moderne et hantée par l’histoire, avec la réédition de quatre longs métrages majeurs (parmi une douzaine, sans parler d’une myriade de courts).
Le premier, Sebastiane (1976) – coréalisé par Paul Humfress –, peut-être le seul film jamais tourné en latin, s’inspire du martyre de saint Sébastien, la plus ancienne icône homoérotique. Il met en scène dans la nature les joutes sadiques et sensuelles de quelques soldats romains et leurs prisonniers, mêlant crudité et hédonisme. Un jalon du cinéma gay, qui évoque fortement Pasolini. Mais Jarman est aussi en prise directe sur son époque, et restitue dès son deuxième film, Jubilee (1978), la frénésie du mouvement punk ; on y assiste sur un mode sarcastique et destroy aux interactions de plusieurs figures de cette scène bigarrée.
Peu après, nouveau virage à 180° : le cinéaste délaisse ses bizarreries stylistiques pour une adaptation quasi classique de La Tempête de Shakespeare (1979) ; son œuvre la moins baroque pour la pièce la plus abstraite de Shakespeare. Dix ans après, il revient à l’expérimentation pure avec un essai poétique fracassé, The Last of England (1987), qui enchevêtre des réflexions sur la disparition de la culture traditionnelle et ses souvenirs d’enfant né durant la Seconde Guerre mondiale. Une œuvre parfois difficile d’accès, mais à l’imagerie éblouissante. Un des grands inventeurs, sinon le plus grand, du cinéma britannique.
Sortie simultanée en salle et en DVD (Malavida)
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