Ressemblant – de loin – à Destination Finale, le premier film de Justin Dec ravive nos angoisses infantiles.
Après une première décennie essentiellement marquée par la réécriture de classiques américains (Massacre à la tronçonneuse, Halloween…) et étrangers (The Ring, The Grudge…) et par la prolifération de sagas davantage travaillées par la question de la mise en scène de la mort que de la peur à proprement parler (Saw, Hostel, Destination finale), on se souviendra de cette seconde décennie comme d’un vivifiant courant d’air sur le cinéma d’horreur américain. La renaissance d’un effroi pur, peut-être inspiré par l’atmosphère de son époque durant laquelle a été matérialisée scientifiquement la probable extinction de notre planète.
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Soigner les traumas du passé
A première vue, Countdown et son pitch (une application sur un smartphone indique le moment précis du décès de son utilisateur) semblent opérer un retour de dix ans en arrière en ressuscitant l’ingéniosité machiavélique mais profondément vide de la série Destination finale. C’est même la tagline qui accompagne la sortie du film : “Dans la lignée de Scream et de Destination finale”.
Il est pourtant flagrant de voir à quel point Countdown se déporte des deux sagas à qui on voudrait le comparer. À l’opposé de ces modèles, Justin Dec revendique, au contraire, pour son premier film un cinéma d’épouvante très contemporain, notamment dans sa manière de réanimer, sans aucune raillerie, les angoisses et frissons issus de l’enfance.
Etonnamment, le compte à rebours qui sépare ici les protagonistes de leur funeste destin ne sera pas mis au service de l’acceptation de leur propre mort, mais de celle de proches disparus lorsqu’ils étaient enfants. Faire le deuil des êtres aimés et non de soi devient ainsi l’unique issue pour soigner les traumatismes du passé et enfin déjouer la malédiction qui les touchait (une belle idée qui rappelle The Haunting of Hill House sans pour autant en atteindre la profondeur).
Si Countdown est finalement si attachant, c’est parce qu’il a su préserver soigneusement ce que beaucoup de blockbusters à grands spectacles auront perdu lors de cette décennie : une certaine croyance en ses images.
Countdown de Justin Dec, avec Elizabeth Lail, Anne Winters, Jordan Calloway (E.-U., 2019, 1 h 30)
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