Sur un sujet délicat, le retour de prison d’un mari violent, Hinde Boujemaa évite les écueils du film à thèse et du drame convenu.
On aurait pu redouter, sur le papier, que Noura rêve tombe dans les écueils du film à sujet, avec son pitch quelque peu schématique à l’allure de mauvais drame sociétal iranien : à quelques jours de la prononciation du divorce entre l’héroïne et son mari violent incarcéré, ce dernier sort inopinément de prison et menace d’envoyer valser les rêves de liberté d’icelle, qui espérait s’officialiser avec son amant et doit désormais tout reconsidérer.
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On sent pourtant dès ses premières minutes que ce premier film tunisien, sorti d’on ne sait où et déjà bien verni (grand prix au festival de Bordeaux), a de l’air et de la vie. La forme manque encore un peu d’adresse, et les moyens sont modestes (peu de personnages ou de lieux), mais Boujemaa a une remarquable manière de ne pas s’en excuser, imprimant à son apologue une force singulière, une pulsation rapide, vigoureuse, tendue comme son actrice principale.
Car Noura rêve, oui, mais finalement ne papillone pas pour autant : le récit ne se laisse pas longtemps bercer par les chimères romantiques et évite le drame convenu de la romance clandestine à l’épreuve des carcans sociaux. Il vire plus volontiers à une sévère partie de billard à trois bandes, où les coups sont portés dans le dos, et où personne n’est allié : un film d’emprise plus que d’amour, qui n’a pas le temps de rêver mais qui, jusqu’à un très beau plan final (on n’en dit pas trop), ouvre assez grand les yeux.
Noura rêve de Hinde Boujemaa avec Hend Sabri (Tun., Bel., Fr., 2019, 1h32)
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