Une rom-com LGBT hélas cernée par la mièvrerie.
On a vu ces dernières années les films sur l’homosexualité pencher vers une normalisation, s’inscrire dans une société postgay où l’acceptation de la différence sonnait juste et évidente, comme dans Quand on a 17 ans d’André Téchiné ou le plus onirique Ornithologue de João Pedro Rodrigues.
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Non pas que sonne déjà la fin des luttes, mais, au moins d’une certaine frange de la société, se dégage une humeur nouvelle, plus sereine, comme un relâchement des discriminations dont le premier film d’Océanerosemarie prend acte au point de ne même pas vraiment se penser comme un soldat du cinéma LGBT ou même un “film sur l’homosexualité” (et tant mieux) : disons une rom-com française, dont l’orientation n’est qu’une surface.
Une trentenaire en déroute amoureuse, empêtrée d’une guirlande d’ex
Océanerosemarie (la stand-uppeuse prête son blaze à son premier personnage de cinéma) est une trentenaire en déroute amoureuse, empêtrée d’une guirlande d’ex devenue sa seconde famille – une nympho, une workaholic, etc. Elle s’entiche d’une photographe, mais pour que ce soit la bonne, elle doit en finir avec sa versatilité amoureuse, ses penchants adultérins, sa part d’adolescence – bref, le topo habituel.
Le problème, c’est qu’Embrasse-moi ! n’envisage sa très légitime entreprise d’acceptation qu’au travers de l’habituel, voire du frelaté – comme si la victoire que constitue la possibilité de raconter une romance lesbienne en bravant toute menace discriminatoire devait faire tomber le film du côté ravi de la crèche, repeint en couleurs vives et joyeuses, peuplé de béni-oui-oui, shooté à la bienveillance ahurie et écrit comme une enfilade de happy-ends. Pour le signal sociétal que la seule existence du film envoie, on peut se réjouir ; pour la lobotomie, on aurait volontiers passé notre tour.
Embrasse-moi ! d’Océanerosemarie et Cyprien Vial (Fr., 2017, 1 h 26)
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