Le réalisateur reconnaît avoir « commis l’erreur de jouer les pygmalions » mais nie, à nouveau, tout attouchement ou harcèlement sexuel.
Après avoir refusé toute interview de Médiapart, Christophe Ruggia a finalement choisi de s’exprimer plus longuement, trois jours après la publication de l’enquête dans laquelle Adèle Haenel l’accuse de « harcèlement sexuel » et d' »attouchements », entre 2001 et 2004, alors qu’elle était âgée de 12 à 15 ans et qu’il avait entre 36 et 39 ans.
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Dans un droit de réponse publié sur le média en ligne ce mercredi 6 novembre, le réalisateur évoque la relation particulière qu’il a entretenue avec la jeune actrice, mais nie tout harcèlement sexuel : “Je n’ai jamais eu à son égard, je le redis, les gestes physiques et le comportement de harcèlement sexuel dont elle m’accuse, mais j’ai commis l’erreur de jouer les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu’une telle posture suscite. Emprise du metteur en scène à l’égard de l’actrice qu’il avait dirigé et avec laquelle il rêvait de tourner à nouveau. »
« Je lui demande de me pardonner »
Le réalisateur de Dans la Tourmente s’était auparavant contenté de nier en bloc les accusations, expliquant qu’il « réfut [ait] catégoriquement avoir exercé un harcèlement quelconque ou toute espèce d’attouchement sur cette jeune fille alors mineur », mais sans accepter de répondre aux questions de Mediapart pendant l’enquête. Il revient dans ce texte de manière plus détaillée sur sa relation avec Adèle Haenel et évoque une « relation particulière qui nous a unis autour de notre amour commun du cinéma [qui] a duré plusieurs années ».
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Il évoque les samedis après-midi passés par Adèle Haenel chez lui et sa profonde admiration pour celle-ci : « J’ai retrouvé en Adèle Haenel la passion pour la création qui m’avait saisie et plus jamais quittée quand j’avais une quinzaine d’années et que je végétais en province », écrit-il. Bien qu’il nie tout attouchement, Christophe Ruggia lui demande tout de même pardon : « A l’époque, je n’avais pas vu que mon adulation et les espoirs que je plaçais en elle avaient pu lui apparaître, compte tenu de son jeune âge, comme pénibles à certains moments. Si c’est le cas et si elle le peut je lui demande de me pardonner. »
Le cinéaste termine son texte en évoquant son « exclusion sociale » en cours : « Le Moyen Âge avait inventé la peine du pilori mais c’était la sanction d’un coupable qui avait été condamné par la justice. Maintenant, on dresse, hors de tout procès, des piloris médiatiques tout autant crucifiant et douloureux et aujourd’hui c’est à mon tour de les subir. »
Ruggia radié de la SRF
Depuis la publication de l’enquête de Mediapart dimanche soir, et le live dans lequel Adèle Haenel a longuement témoigné lundi, l’actrice a reçu de nombreux messages de soutien. La Société des réalisateurs de films (SRF) a dit apporter son “soutien total” à Adèle Haenel et a pris la décision de radier Christophe Ruggia, qui était un de ses membres. Marion Cotillard a également exprimé son soutien à l’actrice, en écrivant sur Instagram : “Adèle, ton courage est un cadeau d’une générosité sans pareil pour les femmes et les hommes, pour les jeunes actrices et acteurs, pour tous les être abîmés qui savent maintenant grâce à toi qu’ils n’ont pas à subir cette violence.”
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