En tournée américaine depuis le début du mois de mai, les Anglaises d’Electrelane qui défendent les couleurs de leur cinquième album, No Shouts, No Calls partent cette semaine à l’abordage de la Côte Ouest des Usa. Première étape, au nord Ouest du pays : le festival de Sasquatsch qui comptait en tête d’affiche Arcade Fire, Manu Chao, Grizzly Bear et Björk en vedette américaine. Premier épisode de notre compte-rendu en images !
(Cliquez sur les images pour les voir en grand format)
Après trois heures de route à travers la forêt et des paysages plus désertiques, me voilà arrivée à The Gorge, une gorge naturelle à couper le souffle, en pleine nature, à l’est de Seattle. Moins gros que Coachella, son comparse californien, Sasquatsch est un des meilleurs festivals américains.
Une réussite qui tient au site, exceptionnel (La vue est tout simplement saisissante, la grande scène donnant l’impression de sauter dans le vide), et à l’esprit joliment décalé du festival pour les States : très engagé sur les questions écolo, Sasquatsch (le yéti en patois local), qui interdit par exemple les canettes en verre, cultive une fibre alter-mondialiste comme en atteste les foulards et looks néo hippies croisés ça et là.
Il est environ 15 heures lorsque je rejoins les Electrelane (Emma Gaze, Verity Susman, Ros Murray, Mia Clarke) accompagnées de leur ingé son Tony, leur manager Martin et leur chauffeur Billie Ray qui arrivent droit du Montana.
15 H 45, les filles montent sur la petit scène, the Wookie Stage. En dépit de quelques problèmes de son, d’un vent plutôt capricieux et d’un soleil qui cogne fort, les Anglaises délivrent un très bon concert, confirmant leur excellente prestation à la Cigale le mois dernier.
Leur set, nerveux, électrique, mêle morceaux de leurs anciens albums (Eight Steps, tendu en diable, The Birds) et nouveaux morceaux, tel le poignant In Berlin ou le plus volontaire The Great Times.
Après une séance de dédicaces sur le stand d’un magasin de disques installé sur le site du festival, on part à la recherche de bières gratuites et du catering backstage.
Ros et Verity tapent la discute avec Will le chanteur d’Arcade Fire et quelques autres membres du groupe. Les deux groupes se connaissent bien. Les Anglaises ont en effet assuré la première partie européenne des Montréalais et reprennent du service sur quelques dates américaines, dont Portland le lendemain.
Côté musique, pendant que les passionnants Grizzly Bear donnent une prestation de haute volée sur The Wookie Stage, Manu Chao et son Radio Bemba Sound system mettent le feu à l’incroyable grande scène qui donne la sensation de tomber à pic dans la gorge naturelle. Très en jambe, soutenu par un groupe solide et ultra festif, Manu Chao qui porte un foulard rasta, fait mouche avec les rythmes punk-ska-reggae qui sortent de sa Grestch orange. L’ex-leader de la Mano, qui a toujours préféré jouer dans des stades en Amérique du Sud ou pour les indiens du Chiapas, connaît une notoriété grandissante aux States, et pas seulement chez la communauté latino. Ultra réceptif, le public lui fait un triomphe.
Sur The Wookie Stage, les Beastie Boys en cravate et costumes livrent un show « instrumental » (avant le gros concert du lendemain prévu sur la grosse scène). Comprendre avec instruments, car les trois MCs new-yorkais sont bien incapables de tenir leur langue. En grande forme et en formation guitare, basse, batterie, clavier, les quadras alternent instrus psychédéliques à souhait (Sabrosa) et reprennent avec un plaisir manifeste les brûlots punkies des débuts.
La nuit tombée, nous allons toutes (exceptée Emma qui a filé et nous rejoint directement à Portland) assister au show d’Arcade Fire. Là encore, mauvais son, beaucoup de vent mais le gang de Montréal livre une prestation épique et habitée. Sur le coup de 23 h30, la très attendue Björk monte sur scène. Vêtue d’une fantasque robe jaune au style néo-médiéval, elle entame un set d’une heure trente durant lequel elle revisite majoritairement son répertoire (Hunter, Hyperballad, Joga..) et fait découvrir quelques morceaux de Volta, son dernier album. Accompagnée d’une section cuivre, de beats électroniques et d’une chorale exclusivement féminine, elle occupe la scène de manière impressionnante. Tantôt juvénile lorsqu’elle danse et sautille au son des beats mates et puissants, elle se transforme en diva l’instant d’après, bouleversante de puissance et d’émotion.
Minuit trente. Nous rejoignons le bus pour tenter de dormir quelques heures.
6 am. Bille Ray, le grand gaillard originaire du Kentucky qui conduit le bus démarre. Direction Portland, où le groupe se produit le soir même en compagnie d’Arcade Fire au Schnitzer Hall. Le bus est l’autre grande star de cette tournée : entièrement chromé, super confortable, il est équipé du wifi (qui fonctionne un peu quand il veut), de télés, lecteurs DVD et de lits couchettes dans lesquels nous dormons.
La route qui relie The Gorge à Sasquatsch est superbe. On croise d’immenses paysages qui se font de plus en plus désertiques à mesure qu’on avance.
On croise des vaches, et fait une pause sur le coup de 11h dans un petit bar restau sur la route.
Suite au prochain épisode