La rencontre d’un quadra en chute libre et d’un gamin des rues dans un film de rédemption un peu morne.
Au milieu d’une foule agitée, la silhouette déglinguée de Bruno (le débonnaire Guillaume de Tonquédec déguisé en nouveau pauvre) se détache. C’est lui l’âme perdue que ce gentil film extirpe et sauve du grand bain parisien pour que, sous nos yeux, ses malheurs ordinaires se changent en émouvantes péripéties du quotidien.
Teint blafard, cernes jusqu’en bas des genoux, bonnet vissé sur la tête et regard dopé au bâtonnet lacrymogène, l’homme fatigué est en chute libre et collectionne les pièces du mal-être contemporain (burn out, séparation, licenciement, loyer impayé, alcool).
Pourtant, son existence morne est bientôt réchauffée par l’arrivée incongrue de Gagic, un petit garçon rom. Articulé autour d’un croquis comique à la mécanique quelque peu rouillée – la réunion forcée de deux êtres que tout oppose –, Place des Victoires, à l’inverse de la mesquinerie des comédies populaires façon Philippe de Chauveron (Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?) & Co, étonne par sa douceur et son absence de cynisme.
Dans cette fable un peu niaise, il n’est jamais question d’intégration ou d’identité nationale. C’est même le petit voleur débrouillard qui finira maître en confrontant l’ancien bourgeois réac aux turbulences d’une vie de survie.
A l’intérieur, très peu de cinéma : des décors impeccablement souillés ou lustrés pour faire vrai et une morale tarte (« on se relève de tout ») que l’on préférera toujours aux relents racistes habituels.
Place des Victoires de Yoann Guillouzouic, avec Guillaume de Tonquédec, Piti Puia, Richard Bohringer (Fr., 2019, 1 h 43)