Un drame familial avec en toile de fond l’apprentissage de la musique, L’Audition d’Ina Weisse est un sous-Whiplash à la rigidité stylistique et à la psychologie pauvre.
Anna, professeure de violon au Conservatoire, n’est pas heureuse. Son mariage est en bout de course, son père autoritaire lui pèse et son fils préfère le hockey à la musique.
Comme cette somme de frustrations ne constitue pas un drame existentiel assez fort pour qu’elle n’ait d’autre choix que de le résoudre en traquant son origine par la racine, elle s’évade en prenant un amant et en transférant ses angoisses de réussite sur un nouvel élève, qu’elle sadise pour en faire le prodige que son fils n’est pas, et déclencher la jalousie de ce dernier.
Mais à force de fuir ses insatisfactions, de les transférer, de finalement les reproduire et les alimenter, elles finissent par rattraper Anna et enfin accoucher du véritable problème qu’elle attendait pour commencer à se poser des questions.
L’excellence du jeu de Nina Hoss ne peut malheureusement pas grand-chose contre la rigidité stylistique, la pauvreté psychologique et la pâleur de ce cinéma allemand-là. Il manque à ce drame familial, second film de la réalisatrice Ina Weisse, une singularité de point de vue.
Dans ce sous-Whiplash (2014), l’apprentissage de la musique comme métaphore d’une prison existentielle ne produit aucune tension, le drame au cœur du film, aucun vertige.
La couche de poussière qui se dépose ici rappelle à quel point le coup de balai opéré par le fantastique Toni Erdmann de Maren Ade (2016) nous avait réjouis.
L’Audition d’Ina Weisse, avec Nina Hoss, Simon Abkarian, Jens Albinus (All., Fr., 2019, 1 h 39)