Thriller policier à la facture classique, Dublin Murders investit la figure du flic tourmenté en dotant ses personnages d’une dualité singulière.
Lorsque le cadavre d’une jeune fille est retrouvé dans une forêt de la région de Dublin, Cassie Maddox et Robert Reilly, deux détectives aux méthodes peu orthodoxes rompus aux affaires d’infanticides, sont chargés de l’enquête. En plongeant dans une communauté pétrie de secrets, ils réveilleront les fantômes d’une disparition d’enfants restée irrésolue depuis vingt ans.
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Si vous avez l’impression d’avoir déjà entendu cet argument, c’est normal : adaptée des romans de Tana French par Sarah Phelps, Dublin Murders se déploie dans un territoire parfaitement cartographié. Son duo de flics saisi au fil de trajets en voiture façon True Detective bute sur un cycle de disparitions calqué sur celui de Dark, la série allemande de Baran bo Odar (jusqu’à ses enfants à vélo dévorés par la forêt). Quant à la famille de la victime, entre le père un peu louche et la mère qui se met à hurler sans raison, elle pourrait évoquer celle de Laura Palmer dans Twin Peaks, matrice incontestée de la fiction policière hantée.
Petits gestes et détails incongrus
Le strict respect des frontières du genre ne prive cependant pas la série d’une certaine étrangeté, distillée en touches discrètes dès le premier épisode. De cet élan de Robert retenant Cassie par la boucle de son pantalon lorsqu’elle se penche au-dessus d’un cadavre à cette pièce à conviction qu’il renifle dans le sous-sol du commissariat, ce sont les petits gestes qui retiennent notre attention, ceux que les personnages effectuent discrètement ou inconsciemment et qui affectent l’équilibre de la structure comme un caillou dans une chaussure.
Les deux enquêteurs semblent d’ailleurs aborder leur affaire avec la même disposition d’esprit que la nôtre : indifférents à son dessin général, c’est par ses détails incongrus qu’ils tentent d’en révéler le double fond comme on chercherait le mécanisme d’un passage secret.
Ce compartiment dérobé n’est pourtant pas bâti du côté où on l’attend (celui des victimes ou des suspects) mais dans le dos des détectives, prêt à les avaler. Sans trop en révéler de l’intrigue, disons que Robert et Cassie sont eux-mêmes des personnages à double fond, et que les fantômes qui les hantent constituent avant tout les symptômes d’un passé refoulé. Ballottés à travers la série comme deux bouées à la dérive qui parfois s’accrochent l’une à l’autre, ils devront avant tout se réconcilier avec leurs propres fictions pour ne pas sombrer.
Dublin Murders Le 10 novembre sur Starzplay
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