Alors que sort cette semaine « The Upside », remake américain de la très populaire comédie française « Intouchables », la critique anglo-saxonne a rendu son verdict, et il est sans appel. Bourré de clichés, condescendant et écœurant de bons sentiments selon la presse, « The Upside » souffre déjà de reproches dont la version française avait été (plus ou moins) épargnée.
Flairant l’occasion d’un succès quasi-assuré à la suite du phénomène français Intouchables, les studios américains avaient vite annoncé qu’un remake à la sauce hollywoodienne verrait le jour. Huit ans après la version originale d’Olivier Nakache et Éric Toledano, The Upside, porté par le duo Kevin Hart et Bryan Cranston (héritiers d’Omar Sy et François Cluzet) sortira ce 11 janvier 2019 aux Etats-Unis. Et sa mauvaise réputation le précède déjà. Le film de Neil Burger a en effet essuyé des critiques acerbes, et rien, ni le jeu des acteurs, ni le scénario manichéen, ni les poncifs sociaux et raciaux, n’ont été épargnés.
Cliché et nauséeux
Qualifiant le film d' »horrible« , et de « sentimentaliste » le Guardian soulève que The Upside se présente comme une pâle copie d’Un Fauteuil pour deux (Trading Places), comédie sociale qui mettait déjà en scène une histoire d’amitié rédemptrice entre un riche homme d’affaires blanc et un jeune homme noir fauché. Une similitude qui dénote bien-sûr d’une paresse scénaristique, doublée d’une certaine vision dégradante de la femme selon le journal. « Quant à Bryan Cranston, il semble être entouré de femmes très belles et intelligentes et nous sommes constamment invités à noter, dans cette profusion même, quel énorme mâle alpha il est encore capable d’être. » Et l’article de conclure sur cette sentence : « L’affaire entière est mal jugée et d’une douceur nauséeuse ».
Le New York Times, moins sévère mais dont le scepticisme pointe, note qu’il « faudra un peu plisser des yeux pour masquer les stéréotypes de race et de classe » à l’oeuvre dans le récit. Un travers du film relevé à son tour par The Independant, qui déplore un traitement superficiel du handicap, des rapports de classes et d’ethnies.
Très ironique, le Register-Gard poursuit sur ce ton caustique: « On dit que le mois de janvier est l’un des mois préférés à Hollywood pour balancer les films les plus embarrassants et The Upside ne contredit pas cette devise ».
Une polémique autour de la représentation du handicap relancée
Si la démagogie et le manque de profondeur d’Intouchables avaient été relevés à plusieurs reprises par la critique française lors de sa sortie, le film, jugé maladroit mais plutôt inoffensif, n’avait pas suscité autant de véhémence. Aux Etats-Unis par contre, on se souvient que Variety avait dénoncé dans une tribune le caractère raciste du film, le plaçant dans la lignée de La Case de l’Oncle Tom. Reste donc à savoir si ce remake US (qui semble être une copie conforme de la version française), n’a fait que reconduire les clichés tièdes d’Intouchables, ou bien les a accentués.
Cette réception hostile devrait être alimentée, de surcroît, par une controverse concernant la représentation du handicap dans le film. On a en effet reproché à Bryan Cranston (interprète principal de Breaking Bad) d’incarner à l’écran un rôle qui aurait pu être tenu par un acteur souffrant réellement d’un handicap. Une polémique dont Intouchables avait été épargné, et qui relance la question de la représentativité des acteurs handicapés, dont le nombre de rôles au cinéma est très faible.