La star Flash McQueen se voit dépasser par un bolide ultra-moderne qui l’oblige à se retirer de la compétition. Tout un symbole pour Pixar et la franchise “Cars” qui, avec ce troisième volet, prouve qu’une voiture qui parle n’a pas forcément grand chose à dire.
Dans ce troisième volet de la saga Cars inventée par Pixar en 2006, Flash McQueen, le héros à la carrosserie rouge ornée du numéro 95, est devenu un vieux briscard de la course automobile, un peu comme les jouets de Toy Story 3 : devenus vieux, ils ne sont plus voués à exister dans leur milieu naturel. Tandis que la bande menée par Buzz l’Eclair mène un exode vers une garderie (pas si) pleine de vie, McQueen tente le come-back après s’être fait ringardiser par Jackson Storm, un nouveau rival à la conception ultra-sophistiqué. Le héros est doublé sur son propre terrain de jeu, mais fera tout pour retrouver la vitesse qui faisait de lui la coqueluche des circuits.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Et pourtant, pas de quoi vraiment s’alarmer pour le N°95. Cette nouvelle aventure écrite à la va-vite souffre des disparités conceptuelles de la franchise : les voitures parlent, mais pas pour dire grand chose. Très loin de l’émotion juvénile provoquée par des jouets (Toy Story) ou la quête absurde d’insectes de foire (1001 pattes), ce troisième opus confirme effectivement que la franchise Cars reste en-deça de ce qu’a pu produire Pixar jusqu’à présent. Constamment dans la surenchère, Cars 3 peine à passer la seconde, trop plombé par un scénario cousu de fil blanc et des personnages stéréotypés. C’est triste à dire, mais toute la finesse made in Pixar est ici un lointain souvenir compte tenu de ce qui parcourt le film : des antagonismes sous-exploités et des thématiques empreintes d’un acharnement presque malheureux – la critique du virtuel, assez complaisante.
Un McQueen pas trop “fabulous”
La nouvelle destinée du héros convoque une fois de plus ce qui faisait le discours des deux premiers volets : la famille, le sens de l’aventure et de l’apprentissage, sans parler des personnages secondaires partis à la conquête de leur destin – Martin et son costume d’agent secret dans le second volet (plutôt réussi) de la franchise. McQueen est soutenu, cherche à redorer son blason, mais perd du temps – et nous aussi – à se renouveler. Comme un dernier recours, la solution est de faire le don d’un héritage pour devenir « fabulous ». La cible : Cruz Martinez, la nouvelle subalterne ronronnante pour qui on nous demande d’avoir une affection aussi convulsive que l’écriture du scénario.
Cars 3 donne la sensation progressive d’un statu quo, et la conclusion hâtive du film remet en question sa construction : un gâchis regrettable qui se constate également dans la représentation inégale de Jackson Storm, le bad guy de ce troisième opus. Personnage sombre (comme sa carrosserie) dont la menace incarnée par sa modernité fait graviter les médias et les circuits autour de lui – un méchant prometteur, en somme –, il est pourtant réduit à une petite dizaine de minutes dans le film : un investissement moindre témoin du manque d’élan créatif du film. Storm n’est ni un spectre ni un véritable méchant, c’est un bouc-émissaire en faveur d’un discours qui peine à tenir debout. Pixar aime pourtant fabriquer des méchants aux fortes connotations, mais pas sa franchise Cars…
S’il reste très difficile d’adhérer à l’écriture du film, celui-ci distille quelques temps forts issus de son animation, comme ce terrible accident de McQueen filmé au ralenti qui suspend la salle de cinéma ; ou encore cette scène décalée et intense d’une course de stock-car bon marché qui dégage une certaine chaleur et un visuel nocturne qui rend l’animation séduisante. Pourtant, rien de bien neuf sous le capot. Comme son personnage, Cars 3 paraît impuissant et s’appuie sur des derniers recours créatifs qui tournent en rond. Sur la grille de départ des créations Pixar, la franchise Cars, et surtout avec son troisième (et dernier ?) volet, est très loin d’atterrir en pole position…
Cars 3 de Brian Fee (E.-U., 2017, 1h42)
{"type":"Banniere-Basse"}