Ce premier enregistrement solo sous cet alias depuis 2013 permet au suractif musicien anglais de se mettre à nu, entre post-rock, shoegaze et electronica.
Jesu est envisagé comme un challenge par Justin K. Broadrick. Le suractif musicien anglais (Godflesh, Zonal, JK Flesh ou Techno Animal, entre autres) a fait de ce projet, depuis bientôt deux décennies, le véhicule de ses tentations mélodiques et s’adonne à une forme de chant plus apaisé. Premier enregistrement solo sous cet alias depuis Everyday I Get Closer to the Light from Which I Came (2013), Terminus est débarrassé de tout artifice.
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Composé, enregistré et produit par Broadrick seul, ce disque est l’occasion de retrouver le musicien à nu, autant dans un son alternant post-rock, shoegaze et electronica que dans les thématiques de ses paroles. “I failed to be the one, the one that’s meant to lead”, chante-t-il sur l’introductif When I Was Small, paraissant évoquer de loin le refus d’un statut de leader d’une scène underground dont il est devenu, malgré lui, un pilier au cours des années.
La pop song étirée jusqu’à l’hypnose
Si les thèmes chers à l’auteur (isolement, dépression, quête de la transcendance) prédominent toujours, son sentimentalisme assumé désarçonnera probablement les amateur·trices de ses projets les plus jusqu’au-boutistes. Disintegrating Wings, rappelant Slowdive, Alone, échappé du M83 de l’époque Gooom, ou Don’t Wake Me Up, baigné d’une torpeur à la Slint, comptent parmi les réussites épiques de Terminus.
En creusant dans les couches de guitares et les batteries jouées au ralenti, Justin K. Broadrick tend vers une approche presque doom de la composition et étire le format de la pop song jusqu’à l’hypnose. Cet album de Jesu résonne comme une œuvre funéraire d’après l’apocalypse sonore de ses travaux plus bruyants.
Ici, Justin K. Broadrick ne réclame pas son dû de pionnier de la fusion des guitares bruyantes et d’une musique électronique industrielle. Il semble, au contraire, suivre le chemin d’une psyché abîmée qu’il a renoncé à soigner par la musique mais qu’il affronte sans paraître se préoccuper du regard extérieur. Terminus ressemble précisément à la fin du voyage. Et son auteur n’a pas à rougir de cette dernière étape, loin de là.
Terminus Avalanche Recordings/Bigwax
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