Malgré les performances généreuses de ses principaux comédiens, « Premières vacances » surfe sans allant sur des clichés émoussés
Tout part d’un coup de tête. Après un « date » Tinder, Marion et Ben couchent ensemble puis décident, alors qu’ils ne se connaissent que depuis quelques heures, de partir en vacances en Bulgarie. Sauf que les deux amants ont des personnalités et des modes de vie diamétralement opposés : elle est une dessinatrice intrépide, lui, un commercial rangé et hypocondriaque. Le voyage ne va bien sûr qu’amplifier leurs différences.
Best of d’une nouvelle génération de comédien.ne.s
Premières vacances réunit dans son casting une sorte de best of d’une nouvelle génération de comédien.ne.s révélé.e.s au grand public lors de ces dernières années. Propulsés par le stand up (Camille Chamoux) ou par la télévision (Bloqués et Serge le Mytho pour Jonathan Cohen, une chronique dans l’émission Le Supplément pour Vincent Dedienne, La Connasse et Dix pour cent pour Camille Cottin), ces noms ont incarné chacun à leur manière un renouveau dans la scène comique des années 2010. Les voir se donner la réplique dans ce premier film laissait donc espérer de ces Premières vacances quelques bonnes surprises. Mais ni la sympathie que nous partageons pour ces jeunes talents, ni l’amusement total qu’ils semblent prendre à l’écran ne parviennent pourtant à masquer la déception que constitue le film.
Si toute comédie joue et s’amuse du grossissement des caractères de ces personnages, Premières vacances bascule trop systématiquement dans la caricature. La caractérisation du couple ne tient qu’à un interminable embouteillage de clichés ne faisant de son duo qu’une coquille vide qu’on aurait maquillé d’archétypes simplistes : le beauf d’un côté et la bobo parisienne de l’autre. Ben rêve donc d’un séjour all inclusive sur le transat d’un hôtel cinq étoiles en sirotant un cocktail au milieu de vieux riches tandis que Marion veut vivre la Bulgarie comme une locale et s’enthousiasme avec hypocrisie à chaque découverte un peu exotique.
Stéréotypes sociaux et méchanceté gratuite
Heureusement, ces deux blocs irréconciliables partagent quelque chose en commun et sur lequel ils peuvent s’entendre : la méchanceté. Mais plutôt que de la renvoyer à son partenaire et lui révéler ses défauts, celle-ci converge unanimement vers une unique cible : le bulgare. Le film adjoint alors aux stéréotypes sociaux jusqu’ici inoffensifs attribués au couple, une méchanceté gratuite voire carrément humiliante à l’égard des locaux.
Une scène voit par exemple un employé d’hôtel gentil mais un peu simplet présenter leur chambre aux deux amants. Il commence à leur expliquer comment réaliser des tâches élémentaires (allumer la télévision, ouvrir et se servir dans le minibar) et devient, sans qu’il s’en rende compte, la cible des moqueries du couple qui, mort de rire, rentre dans son jeu et lui demande comment allumer la lumière d’une lampe. Si cette scène désole, elle permet au moins de pointer le pari autodestructeur du film : vouloir nous faire espérer, comme toute romcom qui se respecte, le meilleur à ce couple tout en mettant tout en oeuvre pour nous le faire détester.