Au fil du temps, la saga s’est dispersée en films, romans ou BD, le jeu lui-même y perdant de sa saveur. « Odyssey » signe le grande nouvel épisode signe le retour d’une aventure prenante.
Lorsqu’on coupa le son de la télé, les oiseaux arrêtèrent de chanter. Et la surprise un peu idiote ressentie à cet instant précis en dit sans doute beaucoup. Assassin’s Creed Odyssey est un jeu vidéo vaste et foisonnant qui invite le joueur à s’y plonger totalement. Un jeu-monde majestueux et, en même temps, si débordant de vie qu’il paraît presque aberrant de pouvoir le mettre à mal aussi trivialement : en pressant une touche de la télécommande.
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Car, alors, le chant des oiseaux, le souffle du vent, la lumière d’une fin d’après-midi sur la campagne grecque en cette année 431 avant Jésus-Christ semblaient déborder tranquillement de l’écran, de la console et du programme informatique. Cette réalité de substitution avait fusionné avec la nôtre pour la compléter harmonieusement.
Assassin’s Creed fut jadis – en 2007 – un jeu d’action et d’aventures s’inscrivant ludiquement à l’intersection de deux autres sagas majeures de l’éditeur français Ubisoft : Prince of Persia (pour l’exotisme et les cabrioles) et Splinter Cell (pour l’“infiltration” : plutôt se glisser en douce dans un lieu interdit qu’opter pour l’assaut frontal).
Et puis, avec le temps, c’est devenu une sorte de monstre : une franchise au concept surexploité, de bandes dessinées en films ou romans, et dont l’élément théoriquement principal, le gros jeu d’automne à parution annuelle, faisait de moins en moins événement.
Et puis, en 2017, après une absence d’un an, Assassin’s Creed Origins est arrivé et tout a changé. Enfin, pas vraiment tout car, dix ans après les débuts, les bases apparentes restaient les mêmes : l’affrontement millénaire entre les Templiers et les Assassins, l’intrigue fumeuse de science-fiction qui fait le lien entre les différents épisodes de la saga et justifie que ses récits passent par de nombreuses périodes historiques (les Croisades, la Renaissance italienne, la Révolution américaine…), sans parler de la capuche qu’arborent ses héros et qui est l’une de ses signatures visuelles.
Mais, sous la surface et les signes de reconnaissance, pendant ses douze mois loin des projecteurs, Assassin’s Creed s’était réinventé, se transformant notamment, et franchement, en jeu de rôle.
Un jeu à choix multiple qui peut se pratiquer de bien des façons
S’il abandonne l’Egypte antique au profit de la Grèce, Assassin’s Creed Odyssey prend clairement la suite d’Origins, dont il adopte l’orientation générale sans s’interdire de l’approfondir, notamment via ses dialogues à choix multiples dont l’issue pourrait bien avoir une influence déterminante sur la suite de l’histoire.
Mais, au fond, Odyssey est lui-même un jeu à choix multiple qui peut se pratiquer de bien des façons. A côté de celle, plus classique, qui concerne la difficulté du jeu, la première décision déterminante porte sur le degré de “guidage” du joueur : a-t-on envie d’une odyssée GPS où la route à suivre pour mener à bien chaque quête est fléchée à l’écran ou préfère-t-on miser sur l’“exploration” au risque de se perdre parfois un peu (ce qui a aussi son charme) ?
Bientôt, comme son prédécesseur au pays des Pharaons, Odyssey aura d’ailleurs aussi droit à un mode découverte sans combats ni défis, où le voyage et la découverte de l’Antiquité grecque se suffiront à eux-mêmes.
« Odyssey » offre énormément de choses
S’il tient du jeu total avec son abondance d’activités et sa “durée de vie” (selon l’expression consacrée) phénoménale (compter plusieurs dizaines d’heures pour voir le bout de l’intrigue, peut-être une centaine pour en épuiser les richesses), Assassin’s Creed Odyssey est le contraire d’un jeu totalitaire.
Homme ou femme (le choix, ô joie, nous est laissé au début), gros bagarreur ou as de l’esquive, partisan d’Athènes ou de Sparte, adepte des virées en bateau (et de la bataille navale, de retour au premier plan cinq ans après Assassin’s Creed IV: Black Flag) ou pur terrien au pied irrémédiablement non-marin, c’est comme on veut – comme on le sent, sur le moment et demain peut-être autrement. La double générosité d’Odyssey est là : offrir énormément de choses et laisser chacun décider comment il va se les approprier.
Perchée au sommet d’une immense statue de Zeus, Kassandra (ou Alexios, pour ceux qui choisiront un héros masculin), mercenaire impitoyable et néanmoins assez sentimentale qui ne craint ni les loups qui rôdent dans la nuit, ni les requins gardiens d’épaves au fond de l’eau, ni les chasseurs de prime, contemple le monde devant elle.
D’abord Kephallonia, ensuite le palais (en ruine) d’Ulysse à Ithaque, plus tard la rencontre avec Socrate, Alcibiade, Périclès… Un autre jour, on recrutera notre love interest (féminine) comme membre d’équipage pour notre bateau. Ou alors, après un affrontement tendu dont on se sera tirée presque sans dommage, on filera à travers les villages en courant comme une folle avant de s’arrêter pour regarder vivre les gens et écouter chanter les oiseaux. Assassin’s Creed est redevenu beau.
Assassin’s Creed Odyssey (Ubisoft), sur PS4, Xbox One et PC
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