Après les tirs d’un ancien candidat FN devant la mosquée de Bayonne qui ont gravement blessé deux personnes lundi 28 octobre, les élus du parti de Marine Le Pen tentent de se désolidariser d’un homme décrit comme “délirant”.
Parti ou viré ? Un homme de 84 ans, Claude Sinké, a tiré sur deux personnes devant la mosquée de Bayonne qu’il tentait d’incendier, lundi 28 octobre. Après cet attentat, il a été interpellé à son domicile de Saint-Martin-de-Seignanx, à 16 km de la mosquée. Deux victimes, gravement blessées par balle, ont été transportées à l’hôpital de Bayonne.
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Le tireur, qui a reconnu les faits en garde à vue où il est toujours retenu pour « tentative d’assassinats », est un ancien candidat du Front national (ancien nom du Rassemblement national (RN)). En 2015, il se présentait en effet aux élections départementales du canton de Seignanx, dans les Landes. Le suspect était aussi un admirateur du polémiste Eric Zemmour, condamné à plusieurs reprises pour provocation à la haine raciale, et qui officie depuis mi-octobre sur CNews. Un lien qui semble plonger le Rassemblement national dans l’embarras, le parti tentant de se distancier de l’homme.
“Le Rassemblement national condamne avec la plus grande fermeté l’attaque de la mosquée de Bayonne, perpétré ce 28 octobre”, écrit le RN dans un communiqué. Et précise : “A l’issue du scrutin, ce dernier a été écarté de sa fédération départementale pour avoir tenu des propos jugés contraires à l’esprit et à la ligne politique du Rassemblement national. Il n’a, depuis, plus participé à la moindre action du mouvement et n’est plus adhérent”, souligne le parti. Et le choix des mots est important : “Il n’est plus adhérent.” Claude Sinké est-il parti de son plein gré du RN, ou bien a-t-il été écarté ? Sur les plateaux télé et dans les journaux en tout cas, difficile de savoir… Les élus RN enchaînent tour à tour les interventions, et ne semblent pas tous avoir la même version des faits.
Des propos “incohérents” et “délirants”
Sur Franceinfo, le député européen Nicolas Bay a confirmé que l’assaillant “a été adhérent il y a quelques années au RN”… “un parmi les 8 000 candidats que nous avons présentés aux élections départementales”, s’empresse-t-il d’ajouter. Avant d’affirmer que ce dernier “est parti du RN parce que, semble-t-il, il avait des idées qui n’avaient rien à voir avec les nôtres”.
Tirs devant une mosquée : Nicolas Bay (RN) nie tout lien entre le suspect et le Rassemblement nationalhttps://t.co/OQQNBMQti5 pic.twitter.com/yj4vyfirFx
— franceinfo (@franceinfo) October 28, 2019
Sébastien Chenu, porte-parole du RN, a lui expliqué au JT de France 2 que Claude Sinké était malade, qu’il tenait des propos “incohérents” et “délirants”, et qu’il “s’était éloigné d’une réflexion politique”. Et a indiqué à la journaliste que le suspect aurait quitté le parti en 2016. Le délégué adjoint landais du RN, Jacques Leclercq, a de son côté expliqué à l’AFP que l’octogénaire avait été “écarté du parti” après ces élections départementales, sans donner davantage de précisions.
Sur BFM TV, le député européen du RN Jordan Bardella a affirmé que Claude Sinké a “été écarté en 2015 par les responsables locaux du Rassemblement national, et n’est plus adhérent du mouvement”. Avant de rejeter toute responsabilité du FN : “Je leur dis qu’ils ont tort, bien souvent ces responsables politiques sont les premiers à brandir le ‘pas d’amalgame’, alors là, en l’occurrence, effectivement, pas d’amalgame et ne mélangeons pas tout.”
Attaque d'une mosquée à Bayonne: selon Jordan Bardella, le suspect "a été écarté en 2015 par les responsables locaux du Rassemblement national et n’est plus adhérent du mouvement" pic.twitter.com/LSs6BnJ6d8
— BFMTV (@BFMTV) October 28, 2019
“Pas d’amalgame”
Même stratégie du côté de Julien Odoul – récemment accusé de recel de détournement de fonds publics – qui a condamné l’attaque de la mosquée sur LCI, précisant qu’elle serait “vraisemblablement l’œuvre d’un déséquilibré” et a imploré David Pujadas : “De grâce, je vous appelle au ‘pas d’amalgame’”. Rappelons qu’il est l’élu du RN qui a violemment pris à partie une mère portant le voile alors qu’elle accompagnait une classe au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, le 11 octobre dernier. Il avait demandé à la présidente du conseil régional d’exiger que cette femme retire son voile ou quitte l’hémicycle, “au nom de la laïcité” – alors que rien dans la loi n’interdit le port du voile en sortie scolaire.
Sur LCI, l'élu RN Julien Odoul condamne l'attaque de la mosquée qui "est vraisemblablement l'oeuvre d'un déséquilibré" et implore Pujadas : "De grâce, je vous appelle au 'pas d'amalgame'" pic.twitter.com/j56JF977Ey
— David Perrotin (@davidperrotin) October 28, 2019
De son côté, l’éditorialiste de L’Incorrect, Julie Graziani, a également demandé en direct sur LCI de ne pas faire d’amalgame entre cet attentat et l’extrême droite. “Postuler que c’est toute la mouvance identitaire nationaliste qui une responsabilité dans ces éléments, c’est un amalgame injuste”, a-t-elle clamé dans une séquence repérée par le journaliste David Perrotin. Face à elle, Romain Goupil a déclaré : “Oui bien sûr que je fais cet amalgame. L’extrême droite, par ses paroles de haine permanente, fait que l’immigration devient le danger principal, que le communautarisme devient le danger principal.” Rappelons que L’Incorrect est une revue fondée par des proches de Marion Maréchal pour prôner le rapprochement entre la droite et l’extrême droite. En Une du dernier numéro on trouvait d’ailleurs cette dernière… et Eric Zemmour.
Sur LCI, Julie Graziani (éditorialiste pour L'incorrect), demande à ce qu'on… ne fasse pas d'amalgame entre cet attentat et toute l'extrême droite pic.twitter.com/2IW1AeNz0y
— David Perrotin (@davidperrotin) October 28, 2019
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