Le chanteur, dessinateur, peintre et écrivain nous enchante à nouveau. Entre le français, sa langue naturelle, et la rêverie de l’italien.
Qui connaît le titre de son dernier roman (Apologie du slow, 2014) sera à peine surpris du hiatus temporel séparant Fenomeno (2007) de Rococo (2019), le troisième album de Fabio Viscogliosi qu’on finissait même par ne plus attendre. Pourtant, l’homme à la quadruple casquette (chanteur, dessinateur, peintre et écrivain) nous a rarement déçus. A la vitesse de la tortue, mais avec un sens du songwriting hérité de Robert Wyatt ou de Lucio Battisti, cet artiste touche-à-tout nous enchante aujourd’hui sur un disque majoritairement écrit et interprété en français, une première pour lui.
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“Quand j’ai commencé à réactiver la musique il y a quatre, cinq ans, j’avais envie de m’amuser avec le français et de ne plus être prisonnier de l’image du chanteur italien vivant en France. D’autant que je ne suis pas un expatrié, je suis né ici, sans renier les origines transalpines de mes parents. J’aime bien mélanger ces deux pôles d’attraction dans mes chansons, entre ma langue quotidienne et la rêverie de l’italien.”
Fabio Viscogliosi sait trier le bon grain de l’ivraie
En ouverture, à la fois ouvragée et irrésistible, Peplum et Septembre révèlent cette nouvelle appétence, où la voix de Fabio Viscogliosi se fait plus ample et plus chaude qu’à l’accoutumée. Avant d’enchaîner avec un instrumental contemplatif (Il Bel Bagno paradiso) et deux morceaux en italien (Dicembre et Jasmin) pour refermer la face A de l’album. “Plus le temps passe, moins j’essaie de comprendre comment j’avance”, confesse-t-il.
“En 1985, j’étais fan des Jesus And Mary Chain – un groupe qui reste ma référence absolue – et pourtant je n’utilise pas de pédale fuzz dans mon répertoire. Un jour, je souhaiterais enregistrer uniquement avec du matériel électronique. Ce sont des pistes que j’ai envie d’explorer autant que les instruments à cordes. La musique est une pratique journalière. Tous les matins, je commence par composer et dessiner. J’affectionne l’ambiance matinale propice aux émanations qui nous échappent. Ce sont des moments privilégiés où l’on ne s’autocensure pas. C’est une discipline de vie et de création, en laissant les choses remonter à la surface.”
Dans son accumulation de matériau brut, Fabio Viscogliosi sait trier et séparer le bon grain de l’ivraie. Entre des parutions de livres de dessins et des expositions picturales à travers l’Europe, le songwriter s’est tenu au format du 33t. “Je me réfère toujours à cette idée du disque au sens classique du terme : dix titres, cinq par face. Je me sens assez proche des compositeurs qui envisagent leurs œuvres par volume, comme The Durutti Column. Un autre enregistrement paraîtra au début de l’année prochaine et s’intitulera Notte. Je considère ces deux disques comme un diptyque, même visuellement.” Comme quoi, après avoir étiré le temps depuis deux décennies, Fabio Viscogliosi a décidé d’accélérer le rythme discographique en 2020.
Rococo (Objet Disque/Kuroneko)
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