Comme beaucoup sont passés à côté de ces disques et qu’on trouvait ça un peu injuste, voilà une liste alternative et subjective des meilleurs albums de l’année, afin que chacun rattrape son retard.
Il y a eu plein de très chouettes sorties cette année, et beaucoup d’entre elles ont été chroniquées dans nos pages. D’autres sont malheureusement passées à la trappe. On vous a donc dressé une liste d’albums à écouter avant que 2019 n’arrive. Au programme : la disparition de deux très beaux groupes, un peu de bedroom pop hivernale, du jazz hybride, et finalement pas mal de guitares.
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Orchid Mantis – Kulla Sunset
Sorti en début d’année via Z Tapes – label pilier du milieu de la bedroom pop, cet album à complètement échappé aux radars de tout le monde en France. Pourtant, la pop ouvragée de l’Américain Thomas Howard est superbe. A la fois mélancolique et solaire, elle atteint le paroxysme de sa beauté sur Kulla Sunset ; mais on vous conseille aussi de vous pencher sur son nouveau disque Yellow House, sorti fin 2018.
The Dead Mantra – Saudade Forever
Le tout dernier album des Dead Mantra est une oeuvre d’art qui, si on veut en comprendre la portée, doit s’écouter de bout en bout. Portant admirablement bien son nom, Saudade Forever est une ode à la perte, aussi belle que terrible, partagée entre violence, rage, tristesse et regrets. Quelques percées de lumières viennent parfois trouer cette forêt de larsens, et on peut franchement se demander si ce disque ne deviendra pas culte d’ici quelques années, tant il vient tordre le cou aux notions de genres musicaux et pousser les sons de guitare dans leurs derniers retranchements.
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Gia Margaret – There’s Always Glimmer
Personne n’attendait Gia Margaret, mais lorsque la finesse de son écriture est venue caresser nos tympans, elle ne nous a plus lâché. Oscillant entre songwriting folk et sonorités électro, quasiment ambiant par moments, There’s Always Glimmer est un album superbe et parfaitement adapté aux humeurs hivernales, trouvant de l’air dans les abysses, et de la lumière dans l’obscurité des ruptures.
Dos Santos – Logos
Tout droit venu de Chicago, le quintet a sorti son premier disque cette année, et c’est une grosse claque. On trouve ici un peu de jazz, un peu de cumbia, un peu de drone, un peu de rock psychédélique ; enfin plein de choses qui pourraient sembler contradictoires sur le papier mais qui s’entremêlent dans Logos de manière archi-cohérente. Il paraît que le disque prend toute son ampleur en live, donc on attend maintenant qu’un gentil programmateur fasse venir le groupe à Paris.
Mellow Fellow – Jazzie Robinson Deluxe
La réédition de cet album en version Deluxe nous donne l’occasion inespérée de vous parler de cette chanson, Dancing, méga tube des internets souterrains. Désolé d’avance pour le cliché, mais le morceau fait partie de ceux qui se transforment en classiques instantanés dès leur première écoute. Pas besoin de beaucoup plus argumenter, restez simplement jusqu’au refrain et vous verrez. Puis à part ça, les autres titres sont aussi chouettes (mais ce morceau, là !). On vous en reparlera en longueur.
Coma Cinema – Loss Memory
Comme les Dead Mantra, ce groupe a tiré sa révérence cette année. Après avoir influencé un grand nombre de musiciens dans les sphères de la bedroom pop, la formation signe ici un disque à coeur ouvert, sur fond d’histoires de famille, de souvenirs et d’amours perdus. Ce n’est peut-être pas le meilleur disque de Coma Cinema, mais c’est le dernier, donc il fallait l’évoquer. Sachez également que le leader du groupe, Matthew Lee Cothran, officie sous son propre nom et sous celui d’Elvis Depressedly. Et que la quasi-totalité de sa discographie est vraiment très belle.
A relire : L’interview de Matthew Lee Cothran au sujet de la bedroom pop
Current Joys – A Different Age
Figure culte des gens étranges qui écoutent encore de la musique à guitare en 2018, Nick Rattingan écrit des chansons sublimes. Son dernier album en date ne fait pas figure d’exception, et il se passe presque de mots. La grâce douloureuse qui irradie de ses morceaux se suffit à elle-même, et elle mérite juste beaucoup d’amour.
Daniel Darc & Bill Pritchard – Parce Que
Réédité en fin d’année avec quelques inédits, ce disque est la deuxième parution en solo de Daniel Darc, après l’aventure Taxi Girl. Ecrit et chanté à quatre mains avec son alter-ego britannique Bill Pritchard, ce disque est considéré par beaucoup comme le chef-d’oeuvre méconnu du chanteur français. Et pour cause : en dépit de quelques batteries très (trop) 80’s, le coeur errant, fragile et infiniment touchant de Darc se trouve un écho tout particulier avec la voix et la présence de Pritchard. Et les inédits sont très chouettes.
Sons of Kemet – Your Queen Is a Reptile
Le groupe mené par le saxophoniste Shabaka Hutchings a sorti l’album de jazz le plus politique, le plus ardent de l’année. Sous sa tempête rythmique, la formation et ses deux batteurs dégagent Elisabeth de son trône et rendent hommage à d’autres reines, souvent à la tête de révoltes (par exemple Yaa Asantewaa, icône ghanéenne de l’anti-colonialisme). Et le disque, qui mêle donc les cuivres à des sonorités dub, voire rap avec la présence du poète Joshua Idehen, est une vraie réussite.
Flower Face – Baby Teeth
Ruby Mckinnon, musicienne âgée de 19 ans, écrit des chansons d’amour aussi belles et tristes que les feuilles mortes d’automne. Et même s’il est toujours un peu facile de comparer deux artistes, difficile de ne pas penser à Leonard Cohen lorsqu’on écoute l’album Baby Teeth. La jeune chanteuse partage avec lui sa ville d’origine, Montréal, son goût de la guitare acoustique et sa plume à la fois lyrique, lucide et poétique. Bref, on vous conseille de vous pencher sur son cas et sur la chanson ci-dessous, Angela, qui a fait pleurer quelques centaines de milliers d’utilisateurs de Youtube, il y a quelques mois.
Fog Lake – Captain
On termine avec Aaron Powell, qui a très certainement une des voix les plus reconnaissables de la musique indépendante de ces dernières années. Et en dehors de ça, ses chansons agissent comme un rêve éveillé. Un peu douloureuses sans trop l’être, elles tiennent aussi énormément à la production lo-fi qui les enveloppent. Entre nostalgie et espoir, son album Captain est très beau ; et on vous conseille aussi d’aller écouter son EP Carousel, qui sonne comme les souvenirs d’un âge d’or inconnu.
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