Un documentaire qui fait le portrait intime et juste de la lanceuse d’alerte américaine Chelsea Manning, anciennement Bradley Manning.
En 2010, Bradley Manning, analyste militaire, transmet à WikiLeaks des documents classés secret-défense prouvant des bavures de l’armée américaine sur des civils pendant les guerres d’Irak et d’Afghanistan. A seulement 23 ans, Manning est propulsé sur la scène publique.
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https://www.youtube.com/watch?v=TBHkiNRIp9M&t=12s
Parfait révélateur d’une Amérique bipolarisée, il inspire autant la haine que l’admiration. Une partie loue son courage et le proclame héros, tandis que ses opposants les plus radicaux réclament sa condamnation à mort. Condamné à trente-cinq ans de prison pour trahison, Manning voit sa peine commuée en sept ans par Obama et sort de prison en 2017.
Double transformation
En parallèle à cette trajectoire extraordinaire, une autre révolution éclate. En 2013, l’ancien miliaire déclare être une personne transgenre. Il devient Chelsea et entame son traitement hormonal en prison.
Après Citizenfour (2014) sur Edward Snowden et Risk (2016) sur Julian Assange, XY Chelsea nous raconte à son tour l’incroyable destin d’un lanceur d’alerte, en zoomant ici un peu plus sur l’intime. Le documentaire témoigne du changement brutal d’une vie et de l’extrême violence que cela provoque sur un corps.
Toute la justesse du film est de traiter les deux bouleversements de Chelsea à la même hauteur, car c’est bien cette double transformation (le passage d’un être anonyme à public/d’une enveloppe corporelle masculine à féminine) qui permet de saisir en profondeur toute la complexité de la jeune femme : ses doutes, ses douleurs (ironiquement, en devenant femme, elle vit une première libération, alors qu’elle est enfermée dans des conditions carcérales affreuses), et surtout le formidable courage d’une personne qui, autant dans sa sphère intime que publique, a choisi de se mettre au service de la vérité.
XY Chelsea de Tim Travers Hawkins (R.-U., 2019, 1 h 32)
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