Un peu plus d’un an après les accusations qui ont stoppé sa carrière, Kevin Spacey, bientôt inculpé pour « attentat à la pudeur », se justifie dans une vidéo étonnante.
On a appris ce lundi 24 décembre via le Boston Globe que l’acteur, accusé par plusieurs hommes d’agression sexuelle depuis le début du mouvement Me Too en octobre 2017, va être formellement inculpé le 7 janvier prochain d’« attentat à la pudeur » et de « coups » présumément perpétrés à l’encontre d’un adolescent en juillet 2016 près de Boston. Une annonce d’inculpation qui concorde avec la mise en ligne, par Kevin Spacey, d’une vidéo en forme de plaidoyer dans laquelle il se justifie.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Une mise en scène à double sens troublante
Depuis sa mise à l’écart d’Hollywood, suite aux multiples accusations de harcèlements et d’agressions sexuelles, dont celle de l’acteur Anthony Rapp qui affirma le premier avoir été victime d’abus de sa part à l’âge de 14 ans, Kevin Spacey ne s’était pas exprimé publiquement. Le 24 décembre, l’acteur est sorti du silence en publiant sur son compte Youtube une vidéo de 3 minutes intitulée Let me be Frank (Laissez-moi être Frank). Un jeu de mot entre le nom de son personnage dans House of Cards, dénommé Franck Underwood, et la traduction littérale de « frank », qui signifie « franc » en français. L’acteur avait en effet été évincé par les producteurs de la série Netflix, qui avaient pris soin de faire mourir le personnage principal dans la sixième (et ultime) saison, justifiant sa disparition au sein de la narration par une mort naturelle.
« Vous ne m’avez pas vu mourir »
Et c’est bien dans la peau de Franck Underwood, politicien sans foi ni loi et requin diplomatique, que Kevin Spacey semble vouloir se remettre afin de s’adresser à ses fans via un monologue équivoque. En effet, l’acteur adopte dans sa vidéo la même attitude corporelle et verbale que Franck Underwood dans House of Cards, créant implicitement un parallèle entre les manœuvres douteuses de son personnage et sa situation actuelle, et faisant indirectement allusion aux accusations dirigées à son encontre. En s’adressant directement au spectateur grâce au principe de l’aparté, régulièrement utilisé dans la série pour créer une connivence ambiguë avec le public, Kevin Spacey affirme : « Si je n’ai pas payé pour les choses dont nous savons tous les deux que je les ai faites, je ne vais certainement pas payer pour les choses que je n’ai pas faites ».
Un ton cynique sur lequel l’acteur poursuit : « Bien-sûr certains ont tout cru et ont attendu avec impatience que j’avoue, que je dise que tout est vrai et que je n’ai que ce que je mérite. Mais vous et moi savons que ce n’est jamais aussi simple, en politique ou dans la vie ». Portant jusqu’au bout l’ambivalence troublante de cette mise en scène, l’acteur a également insinué que son alter ego fictif pourrait revenir, puisqu’on ne l’a « en réalité pas vu mourir » dans la série.
{"type":"Banniere-Basse"}