Dans “Bronx”, l’ex-flic devenu cinéaste recycle ad naudeam ses stéréotypes éculés, saturés en testostérone de flics à la morale vacillante.
“Vous êtes de vrais hommes : grosses couilles et petit cerveau”, lance un policier à son collègue au début de Bronx, énième polar crépusculaire d’Olivier Marchal, cette fois produit par le géant du streaming.
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Cette définition de la masculinité, pour le moins arriérée, en appelle forcément deux autres : ça veut dire quoi avoir de “grosses couilles” et un “petit cerveau” ? Cette problématique, l’ex-inspecteur de la P.J. devenu acteur puis réalisateur y a consacré sa filmographie (36 quai des Orfèvres, 2004, Les Lyonnais, 2011).
L’héroïsme rance des forces de l’ordre
Sourd à toute remise en question, à commencer par celle d’une époque où les usages de la violence, quelle qu’elle soit, sont questionnés, Marchal rejoue depuis ses débuts la même tragédie complaisante et sans nuance de l’héroïsme rance des forces de l’ordre, dépeinte ici encore telle une bande de bad boys osant tout mais dont la morale cède face à la noirceur du monde.
Le cosmétique changement de décor – le film se déroule à Marseille, ses quartiers nord et ses villas de bord de mer – et de casting – Stanislas Merhar, Lannick Gautry, le rappeur Kaaris, avec Jean Reno et Gérard Lanvin en invités de luxe – masque mal une vision du monde obtuse, où la mise en scène échoue à saisir la moindre part d’humanité de ses personnages.
Entre les couilles et le cerveau, il y a le cœur. Bronx n’en a pas, lui qui veut nous faire froidement avaler, dès son premier quart d’heure, le meurtre d’une famille entière par le père, avant que ce dernier ne se suicide, puis l’euthanasie désinvolte qu’un homme pratique sans trop se faire prier sur la femme de sa vie. Sans cœur pour les faire fonctionner, ni couille, ni cerveau.
Bronx d’Olivier Marchal avec Lannick Gautry, Stanislas Merhar, Kaaris (Fr., 2019, 1h56). Sur Netflix
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