Entièrement située en Israël, la nouvelle série de Canal + intrigue en emmenant le thriller sur des terrains inattendus.
Mis à part l’adieu à Engrenages, qui a tiré sa révérence en beauté le mois dernier, et celui à Dix pour cent, diffusée actuellement, la rentrée des séries françaises a eu le goût hybride des rencontres et des territoires nouveaux. Il y a un mois, Arte mettait à l’antenne l’intéressante No Man’s Land avec Félix Moati en Français immergé parmi les combattant·es kurdes contre l’Etat islamique, à la recherche de sa sœur. Une coproduction entre France, Israël et les Etats-Unis.
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Cette fois, c’est Canal+ qui s’y met avec Possessions, créée par l’Israélien Shachar Magen en collaboration avec l’autrice française Valérie Zenatti, et rendue possible par les productrices de Haut et Court, pionnières des séries contemporaines françaises depuis Les Revenants. On y entend du français et de l’hébreu, notamment.
Il arrive que les associations un peu forcées entre pays – l’un avec des moyens financiers, l’autre avec du talent créatif, pour faire court – donnent naissance à d’indigestes puddings. Ce n’est pas du tout le cas ici. Sans être la série de l’année, Possessions se distingue par un ton toujours légèrement plus complexe qu’attendu.
On imagine un thriller post-Agatha Christie qui fera découvrir l’assassin parmi les convives
Après la première longue séquence qui mène au meurtre d’un jeune marié le soir de ses noces, au pied de la pièce montée ensanglantée, on imagine un thriller post-Agatha Christie qui fera découvrir l’assassin parmi les convives. Un imaginaire autour duquel Possessions tourne sans jamais vraiment s’y soumettre, préférant explorer des géographies plus incertaines et surtout plus mystérieuses.
Celle du pays, en premier lieu. Entièrement situés en Israël – pays devenu un eldorado des séries depuis une quinzaine d’années, de Hatufim à Our Boys –, les six épisodes parcourent les déserts et l’urbanité défraîchie de Beer-Sheva, ville isolée du sud du pays où vivent en majorité des populations venues d’Afrique du Nord.
Un casting riche pour une famille agitée
Une incursion en territoire palestinien à Ramallah se dessine également, mais c’est d’abord l’idée d’une terre où toutes les frontières sont floutées, à la fois brutales et invisibles, que l’on retient. Y compris les frontières intimes, familiales, qui sont le cœur battant de la série.
On suit Nathalie, une jeune Française dont la famille s’est installée en Israël. La veuve, c’est elle. Une veuve noire ? C’est à voir. La violence des hommes et celle des mères viennent semer le trouble. Nadia Tereszkiewicz joue la partition avec une élégance, un look et une détermination que l’on peut situer dans la lignée d’Uma Thurman circa Kill Bill deuxième volet – les cascades en moins, tout de même.
Autour d’elle, Reda Kateb, Dominique Valadié, Ariane Ascaride, Aloïse Sauvage, Tchéky Karyo et Judith Chemla forment une famille agitée. Les mythes et les croyances qui se déploient emmènent alors Possessions vers un imaginaire fantastique, qu’on aurait aimé plus radical et plus tranchant. Mais il reste aussi de la série le goût singulier d’un mélange entre le réalisme et la recherche de sidération, pas si fréquent dans nos contrées.
Possessions à partir du 2 novembre sur Canal+
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