Ce mot, associé aux exécutions de noirs par des suprémacistes blancs au XIXe et du XXe siècle, a déclenché un tollé au sein de la classe politique.
Le président américain a tenté, une nouvelle fois, la stratégie de la victimisation pour décrédibiliser la procédure de destitution qui le vise. Après avoir dénoncé une “chasse aux sorcières de caniveau”, Trump n’a pas hésité à comparer, sur Twitter, ce mardi 22 octobre, l’enquête qui pourrait mener à sa destitution à un “lynchage”.
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“Si un démocrate devient président un jour, et que les républicains remportent la Chambre des représentants, même avec une toute petite marge, ils peuvent lancer une procédure de destitution du président, même sans respect des procédures, de l’équité ou du droit. Tous les républicains doivent se souvenir de ce à quoi ils assistent ici : un lynchage”, a ainsi tonné le milliardaire sur le réseau social.
So some day, if a Democrat becomes President and the Republicans win the House, even by a tiny margin, they can impeach the President, without due process or fairness or any legal rights. All Republicans must remember what they are witnessing here – a lynching. But we will WIN!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) October 22, 2019
Problème ? Ce terme désigne l’exécution sommaire, violente et sans jugement d’un individu par une foule. Mais il est encore plus lourd de sens aux Etats-Unis, où le lynchage renvoie à une période historique particulièrement sinistre ; celle de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe siècle pendant laquelle des milliers d’Américains noirs ont été lynchés par des groupes suprémacistes blancs, dont le Ku Klux Klan, dans les Etats du Sud.
Nombre de responsables politiques américains se sont insurgés contre le tweet du locataire de la Maison Blanche, y compris des républicains.
“Comparer le processus de destitution constitutionnelle à un ‘lynchage’ est répréhensible et honteux”
“La mise en accusation à la Chambre est un acte d’accusation et non un procès. Le Sénat mène le procès. Le président Trump demande constamment un traitement spécial qui n’est pas accordé aux autres Américains. Et comparer le processus de destitution constitutionnelle à un ‘lynchage’ est répréhensible et honteux », a ainsi dénoncé le républicain Justin Amash, représentant du Michigan à la Chambre des représentants.
Impeachment in the House is an indictment, not a trial. The Senate conducts the trial. President Trump constantly demands special treatment that is not afforded other Americans. And to liken the constitutional impeachment process to a “lynching” is reprehensible and shameful. https://t.co/P2nmaXiSiZ
— Justin Amash (@justinamash) October 22, 2019
D’autres élus républicains se sont montrés plus modérés, déplorant l’utilisation de ce mot sans vraiment la condamner. Selon l’AFP, le chef de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, a par exemple déclaré auprès de journalistes : “Compte tenu de l’histoire de notre pays, je ne le comparerais pas à un lynchage, c’était un choix fâcheux de mots”.
Le porte-parole de la Maison Blanche, Hogan Gidley a par ailleurs assuré que “le président n’essayait pas du tout de se comparer à l’histoire terrible de ce pays”, défendant ainsi les propos tenus par le président. Donald Trump peut toujours compter sur ses plus fervents soutiens, à l’instar de Lindsey Graham qui a déclaré : “C’est un lynchage à tous les sens du terme”.
“Nous n’avons jamais rien vu de tel”
Côté démocrate, les responsables politiques sont unanimes. “C’est un mot qu’aucun président ne devrait utiliser pour lui-même”, a ainsi estimé James Clyburn sur CNN. “Je viens du Sud. Je connais l’histoire de ce mot. C’est un mot qu’il faut utiliser avec beaucoup, beaucoup de prudence”, a ajouté l’élu de Caroline du Sud.
“J’ai étudié avec attention l’histoire présidentielle, nous n’avons jamais rien vu de tel”, s’est-il encore indigné, rappelant que les trois autres présidents américains ayant fait l’objet d’un impeachment – Andrew Johnson, Richard Nixon et Bill Clinton – n’ont jamais fait de pareilles références.
Même son de cloche du côté de la sénatrice démocrate Elizabeth Warren. La candidate à la présidentielle de 2020 a dénoncé sur Twitter les propos tenus par le président, comme le rapporte le Huff Post : “Le lynchage est une tache épouvantable sur l’histoire de notre pays et il est honteux pour Donald Trump d’en invoquer un pour éviter d’être tenu pour responsable de ses crimes. Personne n’est au-dessus de la loi, pas même le président des États-Unis.”
Lynching is a horrific stain on our country's history, and it is beyond disgraceful for Donald Trump to invoke one to avoid being held accountable for his crimes.
Nobody is above the law, not even the president of the United States.
— Elizabeth Warren (@ewarren) October 22, 2019
En parallèle, l’enquête lancée par les démocrates en vue de destituer Trump poursuit son cours. Bill Taylor, chargé d’affaires américain en Ukraine, a été entendu à huis clos par la Chambre des représentants, ce mardi 22 octobre. Il aurait révélé au cours de cette audition que l’ex magnat de l’immobilier a bien conditionné une aide pour l’Ukraine à l’ouverture d’une enquête par la justice ukrainienne sur Joe Biden et son fils.
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