Le portrait feel good et ultraformaté de trois mathématiciennes noires dont l’apport à la Nasa fut décisif.
D’abord un petit jeu de mots, qui se perd dans la traduction française du titre Hidden Figures : figures, en anglais, signifie d’abord “chiffres”. Ces “chiffres cachés”, qui font écho aux “figures de l’ombre”, ce sont ainsi ceux manipulés par les mathématiciennes, physiciennes et ingénieures noires auxquelles le film de Theodore Melfi rend hommage. Histoire méconnue et histoire passionnante (sur le papier) que celle de ces trois scientifiques de haut vol (littéralement) ayant contribué au programme spatial américain, sous Kennedy, calculant entre autres les coordonnées des premières sondes envoyées en orbite par la Nasa (en 1962).
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L’occasion était trop belle, tandis que le cinéma afro-américain est en pleine renaissance – et que la question de l’égalité des droits se repose avec une urgence inquiétante –, de se saisir de ces trois portraits édifiants pour en faire la pastille vivifiante de la saison des oscars 2016-2017. Mais aussi sympathique que soit sa démarche, le film atteint très vite ses limites.
Melfi, auteur du médiocre St. Vincent en 2014, filme platement la même scène une heure et demie durant : une femme noire se retrouve dans une pièce remplie d’hommes blancs (avec parfois quelques femmes blanches, encore plus sadiques), elle se voit rabaissée, et fait contre mauvaise fortune bon cœur. Jusqu’à l’humiliation suivante, etc.
Ce martelage qui tient lieu de scénario est toutefois atténué par la grâce d’un cast idéal, de la merveilleuse Taraji P. Henson (dans un rôle inhabituel de génie placide) à l’impeccable Kevin Costner (dans le rôle du directeur intègre et droit, toujours sur les traces de JFK). Les rondeurs be-bop orchestrées par Pharrell Williams (signataire de la BO et coproducteur) parfont la saveur de ce feel good movie d’une parfaite innocuité.
Les Figures de l’ombre de Theodore Melfi (E.-U., 2016, 2 h 06)
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