Sixième épisode de la guerre entre humains et machines avec Cameron à nouveau aux commandes et le beau retour de Linda Hamilton. Pour un résultat inégal.
Un Terminator, c’est ce qui vient du futur. Ce futur post-apocalyptique d’après le soulèvement des machines, d’où un robot tueur est expédié vers le passé pour supprimer à la racine les pousses de la résistance humaine.
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Mais Terminator, c’est aussi ce qui régulièrement nous revient du passé, la franchise ayant fini par s’identifier totalement à son personnage éponyme de voyageur du temps, et faisant régulièrement affleurer à la surface de notre présent depuis trente-cinq ans sa mythologie compliquée à base de paradoxes temporels, de héros auto-engendrés, de guérillas urbaines et de machines métamorphes.
Mais cette fois, pourtant, c’est plus un élément qui vient de notre présent qui a pour mission de voyager dans le temps jusqu’à rectifier entièrement le destin de la franchise : cet élément, c’est l’idéologie. Ce nouvel épisode, le sixième, mais le premier entre les mains de James Cameron (qui a récemment récupéré les droits de la franchise) depuis T2 en 1991, s’est clairement donné pour mission de mettre à jour l’imaginaire trop masculin de la série.
Le mythe très Vierge Marie
Certes dès le T2, Sarah Connor mutait en combattante aguerrie. Et dans T3, le robot liquide se choisissait comme apparence genrée un physique de bimbo blonde. Plus fondamentalement, c’est le mythe très Vierge Marie de Sarah Connor (l’arrivée d’un homme du futur pour lui annoncer son destin de mère du sauveur ayant toujours tenu d’Annonciation) que le film entend déminer.
Ici, plus de génitrices de héros, mais que des héroïnes. Cette déconstruction féministe, bien que très didactiquement exposée, est ce que le film comporte de plus novateur et séduisant.
Mais ce qu’on attend d’un Terminator movie, c’est aussi quelque chose qui conduit au futur. C’est-à-dire une prémonition du chemin que va prendre dans sa foulée le cinéma spectaculaire hollywoodien, une anticipation du profilage de tous les blockbusters à venir.
Invention figurative pas tout à fait à la hauteur
Le premier Terminator inventait Arnold Schwarzenegger, certes révélé deux ans plus tôt par Conan le barbare, mais dont Cameron cernait tout le potentiel transhumain, pour en faire l’acteur numéro 1 du box-office pour les dix ans à suivre.
Le second inaugurait, tout en le théorisant par l’affrontement du robot mécanique et du robot liquide, le devenir des images cinématographiques à l’ère de la révolution numérique. C’est bien sur le terrain de l’invention figurative que ce Terminator: Dark Fate n’est pas tout à fait à la hauteur.
Avec ses scènes d’action trop (et pas très bien) découpées (à rebours des plans-séquences ahurissants de Gemini Man), son robot labile qui recycle sans aucun apport tous les tours du vieux T-1000 de 1991, le film est bien en peine de susciter ce petit ébahissement devant des prodiges formels, préalable contractuel de la franchise.
Terminator: Dark Fate de Tim Miller, avec Mackenzie Davis, Linda Hamilton, Arnold Schwarzenegger (Chi., E.-U., 2019, 2 h 08)
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