Entre Charlotte Gainsbourg, Spector, Myth Syzer, Bruce Springsteen et Big Joanie, voici les disques de cette fin d’année qu’il ne fallait pas manquer !
Charlotte Gainsbourg – Take 2
Un an après la parution de Rest, son cinquième album produit avec Sebastian, Charlotte Gainsbourh en publie une courte suite, épilogue en trois inédits et deux live, qui pourraient n’être que chutes de studio s’ils n’avaient l’ampleur des titres de l’album. Elle ne les a pas retenus à l’époque parce qu’il fallait bien choisir, “sacrifier”, dit-elle. Mais ces morceaux, elle les aime tendrement et souhaitait les faire exister à l’air libre, leur offrir une trace. Elle a très bien fait. Dès l’ouverture, Such a Remarkable Day, la claque nous atteint, bam ! Incroyablement dansant, le single puise dans les plus belles heures de la disco noire, aspire les claviers à la Moroder, tout en évoquant sa sœur disparue, Kate. La rencontre, explosive, de ce qui ressemble à “des contradictions entre des textes plutôt tristes, introspectifs et une musique délirante, disco”.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Carole Boinet ici
Take 2 est à écouter sur Apple Music.
Spector – Reloaded
Désormais certains qu’ils ne deviendront plus les patrons du rock indé en Angleterre, les gars de Spector ont fait un choix osé : balancer la formule magique qui faisait de leurs chansons autant d’hymnes pour une jeunesse patraque. Surtout, Fred Macpherson et ses potes se retrouvent pour la première fois seuls décisionnaires en produisant les quatre nouveaux morceaux de Reloaded, leur second ep en moins d’un an. Pari gagnant, puisque jamais leur musique n’a semblé si libre et retorse – comme hantée de leurs échecs. Spector s’y offre davantage de temps et d’espace.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Cyril Camu ici.
Reloaded est à écouter sur Apple Music.
Myth Syzer – Bisous Mortels
L’un des producteurs les plus intéressants de l’hexagone, j’ai nommé Myth Syzer, a réussi à monter tout au long de l’année 2018 un projet exhaustif empli de dualité. Il l’avait entamé fin avril avec Bisous, un premier album où il chantait l’amour, la tendresse et la passion. En cette fin d’année, Myth Syzer l’a finalement complété avec son penchant sombre et sulfureux, baptisé Bisous Mortels.
Dans le fond, la recette est la même : les intrus sont puissantes, variées et décalées, à l’image de ses collaborations et de leurs refrains toujours aussi enjôleurs. Cependant, contrairement à son prédécesseur, Bisous Mortels se confronte brutalement à l’absence de sentiments, à la désillusion et à l’explicite. Si Bisous est la face d’une pièce, Bisous Mortels est clairement son côté pile. On aime Oups, un petit banger en puissance pour sa dynamique irrésistible aux influences trap, Non Stop pour sa fluidité grisante, Trance pour sa sensualité de fin de soirée et Toute la nuit pour son rythme entêtant.
Salomé Grouard
Bisous Mortels est à écouter sur Apple Music.
Bruce Springsteen – Springsteen on Broadway
Depuis octobre 2017, Bruce Springsteen se produit cinq soirs par semaine sur la scène du Théâtre Walter Kerr à New York. Le spectacle a connu un vrai succès et affiche complet. À l’écoute du disque issu de ces représentations, on comprend rapidement pourquoi : entre ses 15 morceaux préférés, Springsteen se laisse aller à des anecdotes personnelles et des plaisanteries qu’il raconte d’une voix plus rocailleuse que par le passé, mais tellement plus chaude. C’est en fait ça la vraie puissance de Springsteen on Broadway, la manière dont le Boss s’invite chaleureusement chez vous, même à des milliers de kilomètres.
Dans ce disque, on retrouve évidemment ses plus grands succès tels que Born in the USA, avec ses deux introductions longues de 4 minutes, ou la superbe version acoustique de Dancing in the Dark. À l’harmonica et à la guitare, il offre des versions poignantes de The Ghost of Tom Joad, ou de la stupéfiante The Promised Land. Il sort aussi son piano pour My Hometown ou The Wish. Une chose est sûre, les plus grands fans du Boss seront pris aux tripes par ce disque à couper le souffle.
Salomé Grouard & Zoé Pinet
Springsteen on Broadway est à écouter sur Apple Music.
Big Joanie – Sistahs
Formé en 2013 à Londres, Big Joanie sortait il y a quatre ans un premier ep remarqué, qui lui avait valu les premières parties de groupes comme Parquet Courts ou The Ex. Le trio punk féministe et anti-raciste est de retour cette année avec un premier album, Sistah, sur le label de Thurston Moore.
D’une voix grave et nonchalante, parfois saturée à la Kurt Cobain ou PJ Harvey, Stéphanie Philipps chante à la fois les amitiés perdues sur le magnifique Used to be Friends, et dénonce le quotidien des femmes noires utilisées par les hommes blancs, sur le puissant Token. Ce sont encore les trois femmes qui décrivent le mieux leur musique : « C’est comme si The Ronettes avaient été passées à travers le filtre DIY et Riot Grrrl des années 80, saupoudrées de Dashikis« . Un grand pas vers une scène underground plus inclusive !
Zoé Pinet
Sistahs est à écouter sur Apple Music.