Le Parlement irlandais a adopté le 13 décembre le projet de loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse, que les Irlandais ont voté par référendum à 66% en mai dernier. Cette nouvelle législation s’inscrit dans un rapport libéralisé à la religion malgré la forte tradition catholique du pays.
Fin mai, l’approbation de la légalisation de l’avortement par le peuple irlandais a été saluée par le premier ministre Leo Varadkar, à l’origine du référendum, comme “l’aboutissement d’une révolution tranquille”. Interdite depuis 1983 dans la Constitution, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est désormais encadrée par la loi depuis ce jeudi 13 décembre : libre jusqu’à 12 semaines de grossesse, elle est autorisée en cas de risques pour la santé au-delà de ce délai. Leo Varadkar, élu du parti de centre-droit Fine Gael porté au pouvoir en 2017 a cette fois salué sur Twitter un “moment historique pour les femmes irlandaises”.
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Historic moment for Irish women. Thanks to all who supported and well done to @SimonHarrisTD for steering this through both Houses https://t.co/0of3qfrNwm
— Leo Varadkar (@campaignforleo) 13 décembre 2018
Une victoire législative
Dans ce pays à forte tradition catholique, les femmes qui devaient avorter se rendaient jusque-là au Royaume-Uni. La situation, dramatique, est dénoncée publiquement par l’opinion lors de manifestations en 2012, après la mort d’une Indienne qui s’est vue refuser l’avortement lors d’une fausse couche dans un hôpital irlandais. À l’époque, il est estimé que tous les ans, 4 200 irlandaises se rendent à l’étranger pour pratiquer une IVG.
Les organisations internationales ont aussi dénoncé le système juridique irlandais en raison d’une violation des droits fondamentaux. En 2010, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné le pays pour avoir contraint une femme enceinte qui, malade d’un cancer, craignait que sa grossesse n’aggrave son état, à avorter à l’étranger. En juin 2015, Amnesty International a publié un rapport qui juge que “des lois restrictives sur l’avortement, y compris celles en Irlande, violent les droits des femmes et des filles à la vie, à la santé, à la vie privée, à la non-discrimination et le droit de ne pas être soumis à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements”.
Désormais, ces lois appartiennent au passé. Le ministre irlandais chargé de la santé, Simon Harris, a salué cette victoire sur Twitter au regard du référendum approuvé en mai dernier : “Il y a un peu plus de 200 jours, vous, le peuple d’Irlande, avez voté pour abroger le 8e (amendement de la Constitution) pour que nous traitions les femmes avec compassion. Aujourd’hui nous avons voté la loi qui transformera (ce vœu) en réalité”.
Just over 200 days ago, you, the people of Ireland voted to repeal the 8th so we could care for women with compassion. Today we have passed the law to make this a reality. A vote to end lonely journeys, end the stigma and support women’s choices in our own country
— Simon Harris TD (@SimonHarrisTD) 13 décembre 2018
Évolution du rapport de la population à la religion
Cette évolution des mœurs qui s’éloignent du rigorisme catholique a aussi fait l’objet d’une autre réforme, défendue par l’actuel premier ministre en 2015. Premier homme politique du pays à faire son coming-out lorsqu’il était à l’époque ministre de la Santé, Leo Varadkar a fait campagne pour la légalisation du mariage homosexuel. Proposée lors d’un référendum – l’Irlande est le premier pays du monde à utiliser cette procédure pour cela –, elle est alors approuvée par 62% de la population. Symptôme du recul de l’influence de l’Église catholique sur la vie politique irlandaise : à l’époque, seule cette dernière a défendu le “non” au mariage homosexuel, là où tous les partis politiques, de droite et de gauche confondus, ont fait campagne pour le “non”.
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